Portraits

Gérard Fromanger, en mouvement perpétuel

Très jeune, dès les années soixante, Gérard Fromanger s’impose comme une des personnalités de la scène artistique à Paris en participant à l’aventure de la nouvelle figuration et à l’invention d’une « Nouvelle Peinture d’Histoire ». Il est un des fondateurs de l’Atelier des Beaux-Arts en mai 68, qui produisait des milliers d’affiches. Dans le même temps, il tourne des films-tracts avec Jean-Luc Godard. Au début des années soixante-dix, il voyage en Chine, grâce au cinéaste hollandais Joris Ivens, (deuxième voyage autorisé après la reconnaissance de la Chine populaire par De Gaulle, tout de suite après le voyage de Barthes, Sollers, Kristeva). Cette complicité du peintre avec les artistes et les intellectuels de son époque constitue une caractéristique permanente de son parcours. Toujours en 1970, il participe à la création du ballet Hymnen par le ballet théâtre contemporain à la maison de la Culture de Grenoble, réalisant les décors et costumes accompagnant la musique de Stockhausen et la chorégraphie de Michel Descombey.

Fromanger nous parle d’un univers urbain, de ses codes, ses rites, ses mythologies. Il s’implique dans les engagements politiques. Mais il ne s’agit pas seulement d’un engagement citoyen. Gérard Fromanger est peintre et c’est sa façon d’approcher la peinture qui colle à une époque et à une génération. Nous n’en sommes pas encore à la vidéo, internet et le numérique. Ces outils là serviront, à la génération suivante. Nous en sommes à la photographie, au cinéma, aux médias classiques tels que la presse et l’édition.
Sur quarante cinq ans de peinture, la couleur a joué un rôle fondamental dans la peinture de Fromanger .Si le « rouge Fromanger » décrit par Jacques Prévert poursuit le peintre depuis de longues années , il ne s’agit pourtant que d’un moment du travail. « Je ne suis pas, confirme-t-il, dans un registre particulier et obsessionnel, comme on peut dire le « bleu Klein » ou le « bleu Monory ». Dans mon travail, elles ont toutes le droit de cité, le droit à la vie et le droit de sa battre entre elles pour exister. »
Lorsque je rencontrai Gérard Fromanger pour la première fois dans son atelier de Montmartre en 1972, j’ignorais que le travail du peintre allait m’accompagner pendant une quarantaine d’années.
Bernard Blistène (directeur du développement culturel au Centre Pompidou) écrit à son sujet dans le récent catalogue de son exposition au Musée Estrine à St Rémy de Provence :“L’oeuvre de Gérard Fromanger, n’est pas celle d’un simple émule de la Figuration narrative, d’une famille ou d’un groupe rangé sous je ne sais quelle bannière, mais elle s’affirme, encore et toujours, comme un système propre : une méthode en mouvement perpétuel”.

Gérard Fromanger dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo de l’auteur. Tous droits réservés


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Pour mémoire

Raymond Mason

Evoquer la personne de Raymond Mason (1922-2010), c’est risquer immédiatement de tomber dans le cliché : l’homme, né à Birmingham en Angleterre offrait la prestance, l’élégance, l’humour que l’on décrit volontiers à propos de l’Anglais pur sucre. La distance prise par Raymond Mason sur son itinéraire artistique ne doit pas faire perdre de vue le demi-siècle de création du sculpteur.

Ce n’est pas le moindre paradoxe de voir cet anglais si anglais porter, dans son oeuvre autant d’intérêt pour la France : « Place st germain« , « Place de l’opéra« , « Bd St germain« , « Le départ des fruits et légumes du cœur de Paris, le 28 février 1969« , »Une tragédie dans le Nord« , « Les vendangeurs« , tous ces thèmes on servi à l’artiste pour tracer un sillon bien particulier dans la production artistique.
Raymond Mason était le sculpteur des bas-reliefs contemporains en couleur, procédé assez peu usité. Parfois sa sculpture prend la forme d’une scène complète comme celle située au centre-ville de Montréal sur l’avenue McGill College.  Soixante cinq personnages composent cette pièce imposante. Plus modestement une « foule » se trouve installée entre deux escaliers du jardin des Tuileries à Paris. Raymond Mason me disait qu’il pensait, lorsqu’il habitait encore en Angleterre,  qu’il y avait deux choses qu’un artiste contemporain anglais ne devait pas faire  : vivre en France et acheter une maison en Provence. Raymond Mason vivait depuis plus de cinquante ans en France et, parisien du quartier Latin, il avait  acheté une maison en Provence…

Raymond Mason dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo source : http://321statue.blogspot.com/