Ateliers

L’atelier d’ Yvon Taillandier

Une vie peut en cacher une autre

Yvon Taillandier a occupé, chose assez rare, deux postes d’observation dans l’art : écrivain sur l’art et artiste. Après ses premières expériences de peintre dans les années 1950, Taillandier abandonne la peinture au profit de la littérature (critique d’art, histoire de l’art) et collabore pendant quatorze ans à la revue Connaissance des Arts et à la revue XXe siècle. Il occupe également la fonction de secrétaire du comité du Salon de Mai pendant quarante quatre ans. C’est dire la validité et la richesse de son regard sur l’art de son époque. Il voyage beaucoup (Japon, Hong Kong, Bangkok, Yougoslavie, Mexique, Népal). A Calcutta et à Cuba, Taillandier donne des conférences et des cours au titre de consultant de l’Unesco. Puis, dans les années soixante dix, le désir de peindre reprend le dessus.

« Le Taillandier-Land »

On sait bien que chaque artiste construit son propre monde. Chez Yvon Taillandier, il faut prendre cette qualité au premier degré. « Le Taillandier – Land » existe, je l’ai rencontré. Ses habitants n’ont pas vraiment le même nombre de bras, de jambes ou de têtes que les humains ; leur comportement, leur langage réservent des surprises. Heureusement le peintre a rédigé le dictionnaire du Taillandier-Land pour que l’on s’y retrouve.

Atelier parisien d’Yvon Taillandier de 1970 à 2010

Yvon Taillandier occupa, de 1970 à 2010, un atelier au numéro 8 de la rue de l’Agent Bailly. à Paris. Les volets de son atelier offraient des fresques entières dédiées au monde dont il a été le créateur sans que, pendant trente ans, selon les témoignages des habitants du quartier, aucun tag ne vienne brouiller ces images d’auteur.
Celui qui fut présenté, malgré la différence de génération, comme un des précurseurs de la Figuration libre, préfère donner à son travail l’appellation de « Figuration libératrice ».
Et si Yvon Taillandier s’efforce de se situer dans l’art de notre temps, il sait bien, par ailleurs, que dans l’univers du Taillandier-land, le peuple entier de ce monde là, depuis longtemps, l’a pris pour roi.

Yvon Taillandier dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Source photo : galerie de l’APACC


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Ateliers

L’atelier de Bernard Moninot

Proche de Paris, l’atelier de Bernard Moninot semble hésiter à ressembler à un atelier d’artiste . Serait-ce un laboratoire scientifique ? Ou peut-être une réserve du musée des arts et métiers ? Les instruments inconnus que l’on y découvre s’emploient à échapper à la description. Que Bernard Moninot soit apparenté, au début de son itinéraire, à la nouvelle figuration apparaît aujourd’hui, comme un malentendu. Son travail de dessinateur et peintre, dans ces premières années, pose déjà les jalons de sa vrai recherche : Décidé à assumer « le dessin hors papier » il s’agira de transparence, de reflet, d’ombre et de lumière. Il y eut surtout l’influence de la pensée de Marcel Duchamp qu’il découvre en 1967-68 avec les entretiens avec le critique d’art Pierre Cabanne dans lesquels Duchamp relate quelques-unes des procédures qu’il inventa pour concevoir Le Grand Verre.

Atelier de Bernard Moninot

Puis les travaux sur les « Chambres noires » précisent son goût pour la relation au processus photographique. Le support change ; le verre devient le moyen privilégié pour interroger encore davantage l’espace, la lumière. Les « Ombres portées » seront une autre approche pour faire l’inventaire de ces questions liées à la Lumière et son ombre. Et comme la lumière est (notamment) un phénomène ondulatoire, l’artiste s’intéresse aux autres ondes, sonores cette fois. Bernard Moninot revendique le recours à ces matériaux hors du commun : « Depuis plusieurs années je dessine avec des phénomènes, et je prospecte pour trouver d’autres moyens de mettre en œuvre mon travail, le faire évoluer et le réfléchir. Ondes sonores, résonances, mouvements vibratoires de poussière ou de pigments volatiles, produits par l’impact d’un coup de marteau, ou diapasons pour transférer et fixer mes traits sur des verres préparés. »
Au domaine de Chamarande, en 2005, Bernard Moninot participe à l’exposition « À table(s)» où ces objets improbables deviennent sujet d’exposition. Ainsi, l’artiste poursuit sa recherche dans cet espace inconnu où, pour mieux cerner les phénomènes insaisissables qu’il veut révéler, la fabrication de ses propres outils devient une des composantes de la création.

Bernard Moninot dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo Wikipédia


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Ateliers·Médias

Dans l’atelier de Mondrian, le film

Diffusé sur Arte ce lundi 28 novembre, le film « Dans l’atelier de Mondrian » retrace la vie de Pieter Cornelis Mondriaan, dit Piet Mondrian (1872-1944), peintre néerlandais dont l’œuvre ouvre une voie radicalement nouvelle dans la peinture de son époque.
Tourné dans la réplique de son atelier du 26 rue du Départ à Paris, ce documentaire-fiction fait revivre un artiste passionné de danse et de jazz et retrace son itinéraire artistique: des premières œuvres réalistes aux années mystiques, du mouvement de Stijl à son départ pour New York où il meurt en 1944.

"Dans l'atelier de Mondrian" film de François Lévy-Kuentz 2010

Heureux de retrouver, dans ce film, le témoignage de Michel Seuphor qui fut, à Paris, son ami et le témoin privilégié de cette vie difficile dans l’atelier de la rue du Départ, espace immaculé dans un entourage beaucoup plus sinistre. Seuphor témoigne de cette période où rien ne se vendait et où Mondrian l’invitait à déjeuner pour fêter les occasions rares où il vendait une toile.
Les documents d’archives restituent l’ambiance de l’époque où « Le Dôme » servait de quartier général pour tous ces artistes désargentés. Déjà établie depuis vingt ans, la renommée du Dôme a franchi les frontières de Montparnasse, de Paris et de la France. Diego Rivera, Pascin, Derain, Vlaminck, Othon Friesz, Modigliani, Picasso, Apollinaire ont construit la vocation artistique de cet endroit singulier ouvert du petit matin à la fin de la nuit et dont l’arrière-salle permet de fumer à loisir, boire, lire les journaux. Bohème Slave, émigrés espagnols, peintres de tous pays, écrivains, se croisent en permanence dans cette ambiance enfumée et bruyante.
La relation de Mondrian avec Théo Van Doesburg est seulement évoquée dans le film. Peut-être aurait- il été intéressant, sans se livrer à une étude historique, de souligner l’affrontement ultérieur entre ces deux artistes, Van Doesburg ayant introduit l’oblique dans ses constructions géométriques, casus belli impardonnable pour Mondrian ?

Photogramme du film « Dans l’atelier de Mondrian » 2010

Ateliers

L’atelier de Bernard Philippeaux

Né en 1946, ancien musicien de rock, artiste tardif et autodidacte, Bernard Philippeaux entame sa carrière de peintre du côté de l’abstraction, avant de revenir vers 1995 à ses aspirations narratives. Sa figuration réduite à des formes simples, épurées, trouve son materiau dans l’univers de la publicité, de l’affiche, des objets du quotidien et des marques de la société de consommation.
« Reprenant les codes des images publicitaires, les peintures de Bernard Philippeaux semblent faire revivre l’univers du Pop Art. Mais elles s’en distinguent par l’humour incisif et ironique qui s’en dégagent, et qui inscrit le travail de Bernard Philippeaux dans la lignée dadaïste de Marcel Duchamp et Francis Picabia. Qu’il chosifie les personnages ou monumentalise les objets qu’il représente, Bernard Philippeaux sape les repères de notre quotidien et nous questionne sur notre vie sociale. » Catalogue exposition Musée des Beaux-arts de La Roche sur yon 2009.

Dans son atelier des Sables d’Olonne, Bernard Philippeaux entasse dans un désordre peut-être organisé objets divers, jouets, instruments inconnus. Les collections de Snoopy côtoient les petites voitures, les avions. Cet iconoclaste là ne détruit pas les images saintes, mais les saintes images de notre société industrielle, de consommation et de communication. Lorsque je l’interroge sur cette étonnante collection de Snoopy, il m’explique que cette armé pacifique à déjà sa place dans une prochaine exposition. Bernard Philippeaux à tout son temps pour faire avancer à son rythme une œuvre tranquille, réfléchie, pour mieux prendre ses distances avec le monde qu’il remet en question.
Bernard Philippeaux dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photos de l’auteur. Tous droits réservés.


Portraits

Gérard Fromanger, en mouvement perpétuel

Très jeune, dès les années soixante, Gérard Fromanger s’impose comme une des personnalités de la scène artistique à Paris en participant à l’aventure de la nouvelle figuration et à l’invention d’une « Nouvelle Peinture d’Histoire ». Il est un des fondateurs de l’Atelier des Beaux-Arts en mai 68, qui produisait des milliers d’affiches. Dans le même temps, il tourne des films-tracts avec Jean-Luc Godard. Au début des années soixante-dix, il voyage en Chine, grâce au cinéaste hollandais Joris Ivens, (deuxième voyage autorisé après la reconnaissance de la Chine populaire par De Gaulle, tout de suite après le voyage de Barthes, Sollers, Kristeva). Cette complicité du peintre avec les artistes et les intellectuels de son époque constitue une caractéristique permanente de son parcours. Toujours en 1970, il participe à la création du ballet Hymnen par le ballet théâtre contemporain à la maison de la Culture de Grenoble, réalisant les décors et costumes accompagnant la musique de Stockhausen et la chorégraphie de Michel Descombey.

Fromanger nous parle d’un univers urbain, de ses codes, ses rites, ses mythologies. Il s’implique dans les engagements politiques. Mais il ne s’agit pas seulement d’un engagement citoyen. Gérard Fromanger est peintre et c’est sa façon d’approcher la peinture qui colle à une époque et à une génération. Nous n’en sommes pas encore à la vidéo, internet et le numérique. Ces outils là serviront, à la génération suivante. Nous en sommes à la photographie, au cinéma, aux médias classiques tels que la presse et l’édition.
Sur quarante cinq ans de peinture, la couleur a joué un rôle fondamental dans la peinture de Fromanger .Si le « rouge Fromanger » décrit par Jacques Prévert poursuit le peintre depuis de longues années , il ne s’agit pourtant que d’un moment du travail. « Je ne suis pas, confirme-t-il, dans un registre particulier et obsessionnel, comme on peut dire le « bleu Klein » ou le « bleu Monory ». Dans mon travail, elles ont toutes le droit de cité, le droit à la vie et le droit de sa battre entre elles pour exister. »
Lorsque je rencontrai Gérard Fromanger pour la première fois dans son atelier de Montmartre en 1972, j’ignorais que le travail du peintre allait m’accompagner pendant une quarantaine d’années.
Bernard Blistène (directeur du développement culturel au Centre Pompidou) écrit à son sujet dans le récent catalogue de son exposition au Musée Estrine à St Rémy de Provence :“L’oeuvre de Gérard Fromanger, n’est pas celle d’un simple émule de la Figuration narrative, d’une famille ou d’un groupe rangé sous je ne sais quelle bannière, mais elle s’affirme, encore et toujours, comme un système propre : une méthode en mouvement perpétuel”.

Gérard Fromanger dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo de l’auteur. Tous droits réservés


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Ateliers

L’atelier de Vladimir Velickovic

Dans son atelier d’Arcueil, voisin de quelques autres artistes réputés, Vladimir Velickovic a trouvé l’espace pour déployer son oeuvre à l’échelle qui lui convient, celle qui lui est nécessaire. Au point que son fournisseur de matériel doit fabriquer spécialement à son intention des châssis de la taille voulue.

Témoin, dans son enfance, des atrocités commises par les nazis en Yougoslavie, l’artiste a voué sa peinture à la représentation du corps, corps déchiré, mutilé, secoué par d’atroces souffrances, voué à d’épuisantes courses sans issue. Cette urgence là, serait-elle celle de témoigner pendant qu’il en est encore temps ? S’agit-il de transmettre, de révéler, de dénoncer la dureté du monde ? Lorsque la toile, souvent de très grandes dimensions, tremble sous les assauts du pinceau, quand elle souffre elle aussi de ce combat que lui livre le peintre, c’est peut-être de cette rivalité décrite par Vélickovic qu’une vérité de l’oeuvre jaillit : la vie passe par le mouvement.

« C’est une épreuve de vitesse entre mes toiles et moi-même dit-il. Je fais la course contre mon tableau et il rivalise avec moi. »

Si la série des « Chiens » met en scène cette vision du mouvement, d’autres urgences animent sa main. « Vélickovic peint la mort, ou la course à la mort » écrit Jean- Luc Chalumeau .
Lors de sa réception sous la coupole en 2007, Velikcovic se conforme au rite de l’habit vert. Sitôt la séance achevée, avant même d’avoir partagé un verre de champagne dans les salles de l Institut, il s’est empressé de troquer l’habit vert pour le costume de ville…
Revenu récemment dans son atelier, je découvre un signe noir déjà présent dans ses œuvres : le corbeau. Celui-ci  envahit ces toiles sombres et inquiétantes. Le petit corbeau naturalisé qui se tenait tranquille jusqu’ici sur une de ses tables de travail s’est soudain envolé, menaçant,  pour habiter cette série de toiles à l’échelle de son angoisse.

Vladimir Velickovic dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Vladimir Velickovic expose actuellement aux Abattoirs de Toulouse : « Les versants du silence ».
Photo de l’auteur. Tous droits réservés.


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Ateliers

L’atelier d’Albert Féraud

Albert Féraud (1921-2007) a forgé la majorité de son oeuvre dans son atelier de Bagneux. Diplômé des écoles des Beaux-arts de Montpellier, de Marseille et de Paris il obtient le premier grand prix de Rome de sculpture en 1951. À partir de 1960, avec ses amis César et Guino rencontrés dans l’atelier d’Alfred Janniot, il découvre toute la liberté que peut offrir la récupération dans les casses de voiture ou les décharges industrielles. Le marbre ou le bronze sont des matériaux bien trop chers pour ces jeunes artistes.

Atelier d’Albert Féraud Bagneux 1995

Lui rendant visite à Bagneux, je le découvre engoncé dans ses habits de forgeron, la tête couverte par le heaume du soudeur, régnant sur un univers de machines industrielles, prêtes à emboutir, couper, casser. Parler d’atelier apparaît dès lors un terme impropre. C’est d’une véritable usine qu’il s’agit. A l’intérieur comme à l’extérieur de cet atelier industriel, sculptures achevés et ferrailles abandonnées se confrontent. Où se trouve l’œuvre ? Dans cette forme emboutie, déchirée ou bien dans ces morceaux mélangés à même le sol ? Albert Féraud vivait sur cette frontière entre le déchet et l’œuvre, entre le hasard et la création.
Il m’emmène dans une décharge industrielle proche de chez lui. L’espace est immense encombré par des montagnes de déchets métalliques en tous genres. Féraud y trouve joyeusement son plaisir et son compte. Voilà sa véritable carrière de marbre. Son Carrare est ici, dans ce rebut de la société industrielle.
Féraud fut membre de l’Institut, au sein de l’Académie des Beaux-arts. Difficile de l’imaginer en habit vert bien longtemps. C’est en tablier de forgeron qu’il vivait au quotidien loin des mondanités du quai Conti.
Avant de le quitter, en guise de souvenir, il ne me signe pas un dessin ou une carte. D’un coup de marteau précis et franc, il marque au poinçon une plaque d’acier, mon seul autographe métallique…

Albert Feraud dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo de l’auteur. Tous droits réservés.


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Ateliers

L’atelier de Jean Clerté

Niché sous les toits d’un immeuble de la rue des Beaux-arts à Paris, l’atelier de Jean Clerté rappelle, avec cet espace exigu qui se mérite après avoir grimpé les six étages obligatoires, la condition des artistes du passé. Pour autant, la lumière qui tombe de la verrière est excellente.
Le peintre ne vit pas dans ce lieu même s’il peut y bivouaquer. Mais c’est là, assurément qu’il y trouve la quiétude pour travailler. Sa pratique de l’imprimerie a scellé son amitié avec Pierre Alechinsky qui, en 1984, écrit à son sujet :

« Entre les bidons de vernis et les flacons de verre aux essences et acides bleus, traînaient par là quelques crayons… l’imprimeur a disparu, la fenêtre ne lui suffit plus, qui appelle à la lecture machinale des nuages; il dessine, devine en chaque rectangle obsolète une bribe d’énigme où tracer son opinion linéaire. Survivances, mais aussi trouvailles qui formeront par assemblage un tableau. »

Son amitié avec Pierre Alechinsky a-t-elle joué pour se libérer de la peinture et jouer sans complexe avec le dessin, la couleur ? Jean Clerté est resté ou redevenu enfant pour développer cet espace où le dessin, la peinture, les objets participent de cet environnement ludique. Si l’artiste fabrique des « jouets » étonnants, polychromes, fantasques, le peintre s’adresse également aux grandes personnes et l’humour devient caustique, satirique.

Jean Clerté dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photos de l’auteur tous droits réservés

Jean Clerté expose en ce moment : « Par dessus la tête » à la galerie Pascal Gabert à Paris jusqu’au 22 décembre.


Ateliers

L’atelier de Brancusi

Depuis déjà quelques années, la construction d’un nouvel écrin pour l’atelier de Brancusi devant le Centre Pompidou de Paris, édifice réalisé par l’architecte Renzo Piano, a donné lieu à une nouvelle mise en place de tous les éléments constitutifs de l’atelier, auxquels s’ajoutent une documentation photographique et sonore.

Cet espace contemporain est divisé en quatre ateliers. Les deux premiers sont consacrés à la présentation des œuvres du sculpteur.
En 1956, lorsqu’il lègue à l’Etat français la totalité de son atelier avec tout son contenu (œuvres achevées, ébauches, meubles, outils, bibliothèque, discothèque…) Brancusi impose que le Musée national d’art moderne s’engage à le reconstituer tel qu’il se présentera le jour de son décès.Ces impératifs sont peut-être toujours en vigueur dans cet espace créé par Renzo Piano.
Personnellement je suis très réservé devant cette présentation des deux premiers ateliers. L’accumulation des sculptures me semble contraire à la mise en valeur d’œuvres dont la pureté des formes induirait plus volontiers un espace presque vide avec donc très peu de pièces. Au contraite, cet amoncellement d’œuvres petites moyennes et grandes brouille le regard davantage qu’il ne le stimule. En revanche, dans les ateliers 4 et 5, la présentation des outils du sculpteurs m’apparaît beaucoup plus convaincante, émouvante même lorsque l’on imagine l’homme au travail. La documentation du Centre Pompidou détaille cet aspect de la présentation :
« Les outils investissent l’espace autour de l’établi et à proximité de la forge. Brancusi taille dans la masse du matériau (marbre, pierre, bois ou plâtre) pour parvenir à la forme, et chaque outil doit par conséquent être le prolongement direct de sa main, suivre les plus légères inflexions de son geste.
Pour obtenir cette proximité, Brancusi peut modifier ses outils, les adaptant à sa main et à la fonction qu’il leur assigne. Il retravaille aussi de vieux outils, qui ne sont pas nécessairement des outils de sculpteur, comme un crochet d’égoutier, et les adapte à son propre usage. La forge où il fabrique lui-même les armatures de ses plâtres et les tiges métalliques insérées à l’intérieur des Oiseaux, lui sert aussi à transformer ses outils. Brancusi utilise également des machines électriques (meule électrique et ponceuses) pour polir à l’extrême le marbre ou le bronze ; un système de palans et de cordes à poulies maintient le matériel électrique au-dessus de l’œuvre en cours, sans trop peser sur elle».
Au-delà même des outils du sculpteurs, on entrevoit, au fond de l’atelier la chambre photographique et un petit appareil de projection de films, outils vraisemblablement peu présents dans les ateliers de sculpteurs de son époque.

Photo de l’auteur.