Portraits

Ode Bertrand, organiser le chaos

À l’époque ou l’occasion se présentait de rencontrer Aurélie Nemours dans son atelier de Port Royal à Paris, il m’était arrivé de croiser une femme discrète, en retrait par rapport à son aînée, dont je pressentais qu’elle faisait fonction d’assistante.
Cette femme s’appelle Ode Bertrand et c’est plus tard, après le décès d’Aurelie Nemours que je découvris l’identité de cette personne et sa qualité d’artiste.
Après s’être consacrée à la danse classique, Ode Bertrand avait rejoint l’atelier de sa tante Aurélie Nemours comme assistante et élève. Elle y découvre la peinture et se trouve à cet endroit à un poste d’observation exceptionnel, dans le sillage de cette figure majeure de l’abstraction géométrique. D’assistante, elle devient disciple. Ode Bertrand considère avec le recul que le regard de son aînée n’a jamais freiné sa propre créativité car Aurélie savait à la fois faire preuve d’une rigueur exemplaire pour elle-même et laisser à sa nièce sa part de liberté.

Comme sa tante, Ode Bertrand s’emploie à creuser le sillon de l’art abstrait géométrique. Le trait plein l’intéresse ainsi que le noir et le blanc. La toile naît à partir de grilles, couvrant toute la surface du tableau, définies autour du nombre d’or, dont le motif et la position changent suivant les séries telles que le carré, le losange. Ode Bertrand s’attache à un travail long, minutieux, délicat. Les miniatures du Moyen-Age la fascinent et, à une autre époque, elle aurait pu: « être moine et faire des enluminures ».
 » Amener le chaos dans l’ordre  » : Ode Bertrand à travers sa création semble poursuivre ce but. Là où Aurélie Nemours explorait le plan et la couleur, Bertrand s’attache au trait, qu’elle utilise à la fois comme signe et structure. Discrète, sans jamais élever la voix, Ode Bertrand poursuit dans cette voie d’une peinture exigeante et rigoureuse pour laquelle Aurélie Nemours avait montré la voie.

Photo Wikipedia

Ode Bertrand dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain


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Ateliers

L’atelier de José Subira-Puig

A Nogent sur Marne, l’atelier du sculpteur José Subira-Puig se distingue par une couleur dominante : celle du bois, le bois de l’atelier lui-même comme  pour  plusieurs autres ateliers regroupés dans cet environnement de verdure, mais surtout le bois qu’utilise le sculpteur depuis tant d’années pour réaliser son œuvre. Plus précisément, l’artiste a trouvé, dans les années soixante dix, une richesse à exploiter : les douves de tonneaux.
Après avoir appris, dans les années quarante, la taille directe sur pierre et sur bois, Subira-Puig décide de s’installer à Paris au début des années cinquante. Il y fait connaissance de René Char et de Zadkine notamment.

Atelier de José Subira-Puig à Nogent sur Marne

La découverte de cette mine des douves de tonneaux marque le départ d’une œuvre consacrée à ce jeu complexe : composer avec le bois le montage de formes parfois anthropomorphes dont chaque élément de bois a fait l’objet d’un travail précis, fin, pour dompter la tendance naturelle de l’élément et lui faire prendre la forme voulue.
Si, comme cela a été fait, on radiographie une sculpture de José Subira-Puig, on y découvre un incroyable système de visserie à faire pâlir un chirurgien.
Le sculpteur a développé jusqu’à ce jour une œuvre chaleureuse, dans laquelle les bois d’essences diverses se marient harmonieusement. A cela il faut ajouter l’humour d’un homme à l’œil pétillant et qui a su, dans ses pièces, faire passer ce regard malicieux.
Dans l’atelier de Nogent sur Marne,  la couleur du bois, l’odeur du bois participent à cette approche d’une oeuvre attachante.

José Subira-Puig dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

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