À l’époque ou l’occasion se présentait de rencontrer Aurélie Nemours dans son atelier de Port Royal à Paris, il m’était arrivé de croiser une femme discrète, en retrait par rapport à son aînée, dont je pressentais qu’elle faisait fonction d’assistante.
Cette femme s’appelle Ode Bertrand et c’est plus tard, après le décès d’Aurelie Nemours que je découvris l’identité de cette personne et sa qualité d’artiste.
Après s’être consacrée à la danse classique, Ode Bertrand avait rejoint l’atelier de sa tante Aurélie Nemours comme assistante et élève. Elle y découvre la peinture et se trouve à cet endroit à un poste d’observation exceptionnel, dans le sillage de cette figure majeure de l’abstraction géométrique. D’assistante, elle devient disciple. Ode Bertrand considère avec le recul que le regard de son aînée n’a jamais freiné sa propre créativité car Aurélie savait à la fois faire preuve d’une rigueur exemplaire pour elle-même et laisser à sa nièce sa part de liberté.
Comme sa tante, Ode Bertrand s’emploie à creuser le sillon de l’art abstrait géométrique. Le trait plein l’intéresse ainsi que le noir et le blanc. La toile naît à partir de grilles, couvrant toute la surface du tableau, définies autour du nombre d’or, dont le motif et la position changent suivant les séries telles que le carré, le losange. Ode Bertrand s’attache à un travail long, minutieux, délicat. Les miniatures du Moyen-Age la fascinent et, à une autre époque, elle aurait pu: « être moine et faire des enluminures ».
» Amener le chaos dans l’ordre » : Ode Bertrand à travers sa création semble poursuivre ce but. Là où Aurélie Nemours explorait le plan et la couleur, Bertrand s’attache au trait, qu’elle utilise à la fois comme signe et structure. Discrète, sans jamais élever la voix, Ode Bertrand poursuit dans cette voie d’une peinture exigeante et rigoureuse pour laquelle Aurélie Nemours avait montré la voie.
Photo Wikipedia
Ode Bertrand dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain
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