Coups de chapeau

Hervé Penhoat « Mémoires hors champ »

Quatre siècles après  Pieter Brueghel le Jeune, Hervé Penhoat  fait ressurgir, avec les outils de son époque,  une mémoire dont il tente de décrypter la nature. 

« J’ai une attirance , dit-il, pour les pays du Nord (sans doute due à des origines lointaines, à d’autres racines par des migrations de peuples au fil des siècles), la neige, la brume… L’école de mon enfance ne pouvait-elle ressurgir que par un temps d’hiver (de neige ou de brume)?  » 

Peintre sans pinceaux, l’artiste tend la main au peintre Flamand à travers les siècles pour  appréhender ce qui le relie à son ancêtre. Le « tableau » que nous propose Hervé Penhoat , plan fixe d’un moment suspendu, ne fait pas seulement appel à la captation d’une scène filmée. L’usage du ralenti, le traitement de l’image, dans sa lumière et son contraste,participent à ce « jour de lenteur »  à travers lequel l’artiste interroge, par ce dépassement du tableau, la vocation d’un mode de représentation.

( Hervé Penhoat « Mémoires hors champ » 2010 installation vidéo-projetée / 2×40’)


Portraits

Michel Guino, récupérateur

Michel Guino appartient à cette génération d’artistes de la même promotion que César et Albert Féraud à l’école des Beaux-arts de Paris. Ces artistes « récupérateurs », à défaut de marbre ou de bronze trop cher pour leurs carrières débutantes, utilisaient un peu tout ce qui leur tombait sous la main : ferrailles, déchets divers, vieux ustensils.
Son père, le sculpteur Richard Guino connut une  étonnante aventure avec le peintre Auguste Renoir.Cette collaboration entre le jeune sculpteur et le vieux peintre   dure jusqu’en 1918, à Essoyes puis aux Collettes, à Cagnes-sur-Mer. Elle aboutit à la création d’un ensemble de pièces: la « Petite Vénus », la « Vénus Victrix », le « Jugement de Pâris », la « Grande Laveuse »… Renoir meurt en 1919, les sculptures sont divulguées et exploitées sous le seul nom du peintre.

Pendant plusieurs années, Michel Guino a consacré son temps à la  divulgation de cette histoire familiale que constitue la collaboration de son père avec le peintre Renoir.
Michel  a tracé lui sa propre voie dans l’univers contemporain de la société industrielle.
Dans sa propriété du Loiret où  je lui rendais visite il y a déjà quelques années, un demi-siècle de production artistique habitait le lieu. S’il n’était pas vraiment étonnant de trouver de nombreuses sculptures, petites et grandes amoncelées dans les remises, la plus grande surprise se trouvait ailleurs : çà et là, dans les herbes hautes de la propriété, Michel Guino, redécouvrait, comme un archéologue, des œuvres presque abandonnées, qu’il fallait arracher à la végétation. Ici une monumentale hélice d’avion, là quelques obus éclatés qui n’avaient pas encore trouvé leur usage dans une sculpture. Cette redécouverte par l’artiste de ces pièces prenait une dimension étrange ; comme l’arroseur arrosé, Michel Guino récupérait ses récupérations.

Michel Guino dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo de l’auteur