Expositions

Sur les murs j’écris ton nom : street art

« Capitales 60 ans d’art urbain »

Depuis son ouverture, l’exposition « Capitales 60 ans d’art urbain » à l’Hôtel de ville de Paris rencontre un succès considérable avec plus de 150.000 visiteurs au point que la manifestation bénéficie d’une prolongation jusqu’en juin prochain. Si le sujet de « Capitales » est bien le street art, il évite cependant l’écueil d’un reproche : celui de nommer street art ce qui est exposé entre quatre murs. Car présenter cette expression marginale au sein d’un musée ou d’un centre d’art est antinomique. L’équipe des commissaires d’exposition échappe donc à cette critique et offre un parcours qui, partant des précurseurs de l’art urbain dans Paris, nous conduit jusqu’aux confins de la réalité augmentée.

Une salle de « Capitales 60 ans d’art urbain » Hôtel de ville de Paris

Les artistes des années 60 et 70, dont le profil n’est pas celui des fantassins du street art, appartiennent à des courants de l’art contemporain : Jacques Villeglé, membre des Nouveaux Réalistes, Ernest-Pignon-Ernest légitimement reconnu par les institutions, ont pris possession de la rue chacun à sa manière. Pour Jacques Villeglé, les affiches de la rue ont fourni son matériau de départ pour introduire ce réalisme brut sur les murs des musées. Ernest-Pignon-Ernest a investi les rues avec ses sérigraphies qui l’ont fait reconnaître comme un des précurseurs de l’art urbain.
En France ce n’est qu’au début des années 80 qu’une nouvelle génération s’approprie les murs de la capitale. Jérôme Mesnager, plus jeune que les précurseurs Jacques Villeglé et Ernest-Pignon-Ernest, a établi des passerelles entre l’univers de l’art de son temps et la mouvance de l’art urbain. Créateur de l’« Homme en blanc », il est l’un des premiers peintres de rue parisiens tout en reprenant les codes de l’art contemporain.
Avec le graffiti s’affirme une expression rebelle, non autorisée, voire clandestine. De New York à Paris de Los Angeles à Londres, c’est une contre-culture qui s’approprie les murs de façon sauvage. Et c’est toute la difficulté d’inscrire dans une histoire de l’art consacrée par les institutions un phénomène social et culturel dont la nature même relève de la contestation, de la désobéissance, de la résistance à la culture dominante.
L’exposition de l’hôtel de ville de Paris présente le mérite de documenter ce mouvement urbain : outils des graffeurs, bombes à peinture etc.. ainsi que plusieurs programmes vidéo sur les témoignages de ces artistes de la rue.

RERO « The way out is in… »

Si ce phénomène urbain présentait, à son origine, une forme d’anonymat, des noms sont apparus, ont acquis une notoriété et se retrouvent légitimés par les institutions, Bansky, Keith Haring, Shepard Fairey notamment. A Paris RERO, à la frontière de l’art urbain et du conceptuel bénéficie, lui aussi, d’une visibilité renforcée par son accueil dans les centres d’art.
Pour autant la réalité sauvage du street art se réveille parfois. La disparition tragique il y a moins d’un an de deux artistes français à New York rappelle douloureusement combien le street art est identifié à une pratique hors des institutions, illégale parfois, underground souvent, risquée. Pierre Audebert et Julien Blanc, alias « Full 1 » et « Jibeone », sont morts le 20 avril 2022 à New York, happés par une rame de métro alors qu’ils s’apprêtaient à réaliser l’un de leurs rêves : graffer l’intérieur d’un des iconiques métros de la ville de New York, érigés au rang de symbole dans le monde du graffiti. Les corps ont été retrouvés près de la station Sutter Ave-Rutland Road un endroit connu pour être un haut lieu du graffiti new-yorkais. Les deux artistes Toulousains avaient 28 et 34 ans. C’est dire si ce « J’écris ton nom liberté » peut se payer au prix fort, celui de la vie.
Le street art , dans sa vocation originelle, n’est pas un long fleuve tranquille.


 Capitales 60 ans d’art urbain
Du samedi 15 octobre 2022 au samedi 3 juin 2023
Salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris
5 rue de Lobau, Paris 4e
Artistes présents dans l’exposition

Villeglé, Zlotykamien, Ernest Pignon-Ernest, Surface Active, Captain Fluo, Edmond Marie Rouffet, Blek le Rat, Miss.Tic, Vive La Peinture, Speedy Graphito, Jean Faucheur, Mesnager, Mosko, Jef Aérosol, Bando, Ash, Jay0ne, SKKI, Keith, Haring, Mambo, Nasty, Slice, Psyckoze, Lokiss, Shoe, Futura, A-One, Rammellzee, Jon0ne, André, Zevs, Dize, Invader, Shepard Fairey, JR, Vhils, Swoon, Banksy, C215, L’Atlas, YZ, Seth, Tarek Benaoum, El Seed, Ludo, Rero, Dran, O’Clock, Tanc, Lek, Sowat, Cristobal Diaz, Philippe Baudelocque, Levalet, Madame, Kashink, Vision, Pest, Greky, Sébastien Preschoux, Romain Froquet, Kraken, 9eme Concept, Les Francs Colleurs.

Expositions

Marseille : musée haut, musée bas

Dans quelques jours s’ouvre le Printemps de l’art contemporain dans la sphère de la Métropole Aix-Marseille Provence. Pour la neuvième édition de cette manifestation, cinq  parcours d’art contemporain concernent la ville de Marseille pendant le week-end de l’ascension, un rendez-vous d’art dans les quartiers Nord en juin et une clôture à Aix-en-Provence et ses environs. Déjà quelques événements associés à ce Printemps sont ouverts et révèlent au passage les différences de visibilité qui distinguent les lieux marseillais consacrés à l’art contemporain.

MAC

Le MAC, Musée d’art contemporain, ouvert depuis 1994, souffre d’une situation très excentrée dans la ville, supposant pour les visiteurs ne disposant pas de véhicule, de se voir contraints à un parcours laborieux par métro et bus. Le MAC propose « Hip hop : un âge d’or » contribuant à faire entrer à son tour dans l’enceinte d’un centre d’art  les expressions urbaines du street-art, de la musique venue du Bronx pour se répandre en Europe jusqu’à Marseille. Musique, danse, mode, cinéma, écriture, graffiti, tag, photographie retracent dans l’exposition cette vie à la marge que rien ne prédisposait à un tel adoubement institutionnel. Au croisement de la recherche ethnologique et de l’investigation artistique ( la manifestation est organisée conjointement avec le MUCEM ), l’exposition témoigne de cette mémoire générationnelle. Cette ouverture en direction d’une culture populaire permet-elle de conquérir un public nouveau susceptible de découvrir dans le même temps les collections permanentes du MAC ?

FRAC

Bénéficiant d’un espace privilégié au cœur du centre ville près du vieux port, le nouveau bâtiment du FRAC Provence-Alpes-Côtes d’Azur (ouvert en 2013) affirme une présence majeure avec l’architecture signalétique créée par Kengo Kuma. Intégré dans les volumes des immeubles voisins, le FRAC, sur cinq niveaux, offre plus de mille mètres carrés d’expositions, avec des salles vastes, baignées par le soleil. Pour le visiteur la sensation est à l’opposé de celle ressentie au MAC, bâtiment plus modeste aux volumes  restreints où les œuvres disposent d’ un éclairage essentiellement artificiel.
Au FRAC, dans le cadre du Printemps de l’art contemporain, la photographie est au centre des préoccupations. D’une part « Vers le but » présente les œuvres de Thierry Fontaine dont l’existence exclusivement photographique contribue à inventer une réalité improbable, incertaine, ambiguë.

« Le fabricant de rêves » 2008 Photographie couleur Thierry Fontaine

D’autre part, l’exposition « Principe de réalité, chapitre 1 » montre qu’un artiste peut en cacher un autre, voire ici deux autres. En 2011, les artistes Damien Beguet et P. Nicolas Ledoux achètent contractuellement l’œuvre et le nom de l’artiste Ludovic Chemarin, après que celui-ci ait décidé en 2005 de mettre fin à sa carrière. Ils en poursuivent depuis l’exploitation sous le nom de Ludovic Chemarin© qui expose en France et à l’étranger, participe à des conférences, donne des entretiens, fait l’objet de recherches et d’articles. Là encore la photographie occupe une place stratégique insérée certes dans une démarche plus complexe.

Ludovic Chemarin© le 18 juillet 2014 Photographie argentique

Cette œuvre en trompe-l’œil où l’artiste n’est plus l’artiste, cède la place à quoi ? En 2014 Damien Beguet et P. Nicolas Ledoux  demandent à Ludovic Chemarin de poser pour la réalisation du portrait officiel de Ludovic Chemarin©. Concept mais incarné, l’artiste acquiert une identité à responsabilité limitée, soumise au bon vouloir de maîtres cachés mais décideurs effectifs de ce qu’il nous est difficile de nommer. Pour légitimer davantage encore cette usurpation acceptée, une abondante documentation (contrats originaux, photographies, sérigraphies, vidéos ) corrobore cette mutation de la notion d’artiste.
A la différence du MAC  isolé géographiquement et qui s’ouvre à une culture populaire, le FRAC solidement implanté au cœur du centre ville de Marseille semble faire le pari d’une investigation exigeante, complexe dans ses espaces impressionnants qui attendent les visiteurs.

Photos: MAC et FRAC

Hip-Hop: un âge d’or
MAC
14  mai 2017- 14 janvier 2018
69 Avenue d’Haifa
13008 Marseille

Vers le but Thierry Fontaine
4 mars- 4 juin 2017
Principe de réalité chapitre 1
Ludovic Chemarin©

5 mai- 5 juin 2017
FRAC Provence-Alpes-Cote d’Azur
20 B de Dunkerque
13002 Marseille

Coups de chapeau

Street-art : tes papiers ?

urban artAu moment où s’ouvre à Paris « Urban Art Fair,  » première foire internationale uniquement dédiée à l’art urbain« , on peut s’interroger sur l’identité de ce street art auquel désormais on réserve les cimaises des salons, des galeries, des centres d’art. Depuis quelques années, pour ne parler que de la France où s’exerce ce regard témoin, le mouvement de repli (ou de conquête) des artistes du street-art  en direction des lieux intérieurs protégés s’est accentué de façon très sensible.

« Le Street-art au tournant »

L’universitaire Christophe Genin, dans « Le Street-art au tournant » analysait sans indulgence ce phénomène: « Ainsi, le Street-art est entré dans l’industrie de la mode, devenue une rubrique du marché de l’art et du design qui promeut des oeuvres cessibles (toiles, objets d’art, installations, vidéos, vêtements, accessoires de mode, objets de consommation courante), faites dans le style de la rue pour satisfaire une clientèle fascinée ou divertie par l’héroïsme canaille associé à la figure du graffeur, que cette clientèle soit un adolescent mimétique en mal de modèle d’identification ou une grande bourgeoise blasée en mal de frisson« .
Plusieurs fois dans ce blog, à l’occasion d’expositions significatives, ce penchant a été signalé : exposition C215 « Douce France » au Palais Bénédictine à Fécamp en 2014, « Jef Aérosol, 30 ans de pochoirs » à la Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier à Orléans en 2012 notamment.

Tour Paris 13
Tour Paris 13

« Tour Paris 13 »

Il faut rendre justice à la manifestation de « Tour Paris 13, l’événement Street Art » qui, en 2013, offrit une expérience unique: c’est à une centaine d’artistes de street art venus de seize pays qu’avait été confié par le directeur de la galerie parisienne Itinerrance Mehdi Ben Chelkh le projet  d’occuper presque totalement la surface intérieure (sols, murs et plafonds, soit 4.500 m²) d’un immeuble du 13ème arrondissement à Paris. Cette Tour de Babel du street-art  dépassait largement le cadre d’une pratique confinée entre les murs : destinées à disparaître au terme de la manifestation, les réalisations des street-artistes ont jailli aux yeux de tous quand les pelleteuses mécaniques ont détruit l’immeuble et laissé apparaître les strates de cette histoire comparable à aucune autre, dévolue à une non-marchandisation, rebelle à toute conservation. » Tour Paris 13″ aurait-il constitué le chant du cygne pour un street-art désormais devenu un art de salon ?
Il semblerait que tous ne se résignent pas à cet abandon de ce qui fait la nature même du street-art : la rue, l’espace collectif.

GR Street-art

Un projet original, actuellement à l’étude, imagine la création d’ un itinéraire de Grande Randonnée dédié au street art éphémère entre le 13e arrondissement (haut lieu du street art dans Paris) Ivry sur Seine et Vitry sur Seine. Ce parcours pourrait être arpenté comme une galerie d’art à ciel ouvert.
GR street artL’itinéraire de EYP (Enlarge your Paris), dix kilomètres environ, «a été repéré en fonction des oeuvres qui existent déjà », notamment à Vitry (Meushay, Bebar, C215…). Mais pour «combler les trous », à Arcueil notamment, l’association table sur la commande d’une quarantaine d’ oeuvres. Et de préciser qu’elle a «veillé » à faire appel à des street artists «de tous âges, connus et moins connus », «très différents, que ce soit dans leur technique ou dans leur approche artistique ».(Source La Parisien).
L’ancrage à Vitry sur Seine ne doit rien au hasard : dans cette commune de la banlieue parisienne, dès le début des années soixante dix, une politique de soutien à l’art contemporain a été mise en place pour inciter les organismes publics et privés à accueillir dans leurs espaces, les oeuvres d’artistes, peintures, sculptures créées sur leur lieu de destination. Quand à Arcueil où l’on ne compte plus la présence d’artistes depuis Julio Gonzalès jusqu’à Claude Viseux, Vladimir Velickovic, François Arnal, Antonio Ségui pour n’en citer que quelques uns, l’ouverture sur l’art n’est plus à démontrer.
Quand bien même la vocation subversive du street-art quasi clandestin des origines  n’y trouverait pas tout à fait son compte, le projet de GR du street-art a le mérite de rétablir une valeur première de ce mouvement urbain : vivre dans la rue.

Alertes

Combo : au risque du Street Art

Coexist

L’artiste de Street art Combo revendique une posture qui se définit entre détournement et interaction : « Il manipule des visuels connus de tous auxquels il intègre des éléments étrangers  – le plus souvent issus de l’univers de la bande dessinée ou du jeu vidéo – qui en modifient radicalement le sens. Son obsession : l’interaction. »

"COEXIST" Comob 2015
« COEXIST » Combo 2015

Cette attente d’interaction a pris ces derniers jours une tournure singulière. Alors qu’il collait le trente janvier dernier, porte Dorée à Paris, sur un mur une affiche en pied de lui-même photographié en djellabah associé au mot «Coexist» dessinant un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T, quatre jeunes lui ont demandé d’effacer l’inscription. Combo a refusé et a reçu une pluie de coups. Epaule démise, des bleus partout et huit jours d’incapacité totale de travail .

Culture Kidnapper

Né à Amiens d’un père libanais chrétien et d’une mère marocaine musulmane, Combo, alias Culture Kidnapper, vingt-huit ans, ancien graffeur de la Côte d’Azur, arrive à Paris en 2010. Après avoir abandonné le graffiti pour se consacrer au métier de publicitaire pour Peugeot, McDo et Canal+, il décide en 2012 de revenir à cet art de la rue.
Aujourd’hui celui qui reste convaincu que le Street-art ne peut se concevoir que dans la rue et non pas sur les cimaises des centres d’art ou dans les espaces réglementés de la commande publique, prend la mesure du challenge : « D’habitude, mes œuvres pouvaient rester deux ou trois ans sur les murs de Paris. Aujourd’hui, deux ou trois jours. ».
L’agression de Combo, si elle témoigne de la bêtise intolérante de ses agresseurs, apporte également un éclairage cru sur les conditions dans lesquelles s’exerce désormais la pratique du Street-artiste. Pendant longtemps les pugilats de rue pour la possession des murs ont été le lot des militants politiques colleurs d’affiches, victimes des expéditions punitives de camps opposés. Les campagnes électorales vivaient au rythme des ces campagnes d’affiches aussitôt posées, aussitôt recouvertes puis à nouveau occultées par d’autres.

Combo affiches
Affiches de Combo, panneaux électoraux Paris 2014

Il faut convenir  que Combo lui-même ne s’est pas privé de se mesurer à l’affiche politique en captant, à son profit, les panneaux électoraux, risque certain car la loi punit particulièrement sévèrement toute atteinte à ces panneaux publics. À quelques jours seulement du premier tour des élections municipales à Paris en 2014, des candidats insolites s’invitent sur les panneaux des mairies d’arrondissement : les princesses Disney. Esmeralda, Blanche-Neige, Jasmine ou Cendrillon, militant pour un autre Paris, notamment pour une “libre circulation des tapis-volants dans les couloirs de bus”. Combo, grand ordonnateur de cette campagne parallèle, jouait ainsi son rôle de trublion, en Street-artiste indocile.
L’agression dont a été victime Combo ne laisse aucune place à l’humour et exprime une atteinte supplémentaire à la liberté d’expression dans une exemple où l’œuvre de l’artiste prêchait la tolérance . L’artiste ne laisse planer aucun doute sur sa détermination : » On pourra dire que mon travail est provocant, que peut être je l’ai bien cherché.. Mais rien ni personne ne m’empêchera de m’exprimer, de pratiquer mon art, et de me battre pour mes idées. Demain je retournerais coller, après demain et le jour d’après aussi. Nos idéaux valent plus que leurs idées basses. »
Pour les artistes  qui n’acceptent pas d’abandonner la rue pour le confort des murs institutionnels  ou qui ne se résignent pas à reculer devant le diktat des obscurantismes, le Street-art reste un art bien vivant.

Livres

Miss.Tic, femme de l’être

miss tic 2Après « Le Street Art au tournant » en 2013, Christophe Genin revisite une monographie consacrée à une artiste dont la signature, le graphisme se sont fait également connaître sur les murs des villes : Miss.Tic. Pourtant la situation de cette artiste ne peut se définir uniquement à travers la grille de lecture du Street Art. L’ auteur éprouve d’ailleurs le besoin de fabriquer un néologisme pour désigner les productions de Miss.Tic faisant appel à la fois au Tag, au pochoir : un « épigraff« , terme rassemblant l’existence « d’une épigraphe, poésie aphoristique, d’un dessin et d’une signature (un des sens du terme anglais tag, le tout apposé à la bombe comme les graffs)« .
En 1985, Miss.Tic a ainsi trouvé son mode opératoire mais aussi son champ d’application: les quartiers de Ménilmontant, Montmartre, le Marais, Montorgueil, la Butte-aux-Cailles. Les murs deviennent pour elle le grand livre dans lequel elle entreprend de raconter sa vie sentimentale, ses désirs. Cette position marginale pour un écrivain reste soumise aux aléas du subversif puisqu’une telle pratique dans l’espace urbain est assimilée à la dégradation de lieux publics notamment. En 1997, Miss.Tic fait l’objet d’une arrestation et se voit contrainte à un procès pour détérioration d’un bien par inscription, signe ou dessin, qui se conclut, en janvier 2000, devant la cour d’appel de Paris par une amende de quatre mille cinq cents euros. Christophe Genin observe que ce procès qui aurait pu ruiner l’artiste, la fait bénéficier d’un statut de « maudite artiste« .

Mots coeurs

La véritable dimension littéraire de ses interventions n’échappe à personne et  le calembour est chauffé à blanc pour le transmuter en  « mot coeur« . « J’enfile L’art mur pour bombarder des mots coeurs ».  » Je suis la voyelle du mot voyou ». « Je ferai jolie sur les trottoirs de l’histoire de l’art », « Le temps est un sérial qui leurre ».
C’est vers le milieu des années 2000 que s’infléchit le statut inconfortable de l’artiste. De la culture underground, de la contre-culture, Miss.Tic passe à une reconnaissance où elle incarne la femme libre et indépendante. Les expositions dans des galeries de renom accentuent cette visibilité. Des foires d’art contemporain  à Venise ou à Miami la font accéder à une reconnaissance internationale. En 2007 elle entre dans la collection du Victoria and Albert Museum de Londres. Le cinéaste Claude Chabrol fait appel à son graphisme pour réaliser l’affiche de son film « La Fille coupée en deux« . Presse nationale, commandes publiques font désormais de Miss.Tic une artiste reconnue.
Dans « Le Street Art au tournant », Christophe Génin délivrait une description implacable  de ce que le Street Art devenait aujourd’hui: « Ainsi, le Street-art est entré dans l’industrie de la mode, devenue une rubrique du marché de l’art et du design qui promeut des œuvres cessibles (toiles, objets d’art, installations, vidéos, vêtements, accessoires de mode, objets de consommation courante), faites dans le style de la rue pour satisfaire une clientèle fascinée ou divertie par l’héroïsme canaille associé à la figure du graffeur, que cette clientèle soit un adolescent mimétique en mal de modèle d’identification ou une grande bourgeoise blasée en mal de frisson« .mISS tIC Miss Tic timbre
Si Miss.Tic se déclare lasse de l’assimilation de son travail au seul Street-Art, force est de constater que la critique sans concession de l’auteur ne peut pas l’exonérer totalement des dérives évoquées a propos du street art :  Étiquette pour une bouteille de vin, douze timbres pour la Poste  émis lors de la Journée de la femme, projet pour habiller le tramway de Montpellier, peinture murale institutionnelle etc… Christophe Genin manifeste cependant  un intérêt particulier pour cette « femme hautement consciente du tragique et du sérieux de l’existence, mais qui, par pudeur et par noblesse, a pris le partir de saluer la beauté de la vie et de donner de la joie aux autres« .
Dans le Street-Art, tous les artistes sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.

 

Miss.Tic
Femme de l’être
Christophe Genin
Collection « Réflexions faites »

Impression Nouvelles 2014
ISBN: 978-2-87449-231-0

 

 

Livres

Street Art Tour Paris 13 : l’ultime Babel

tour paris13Par son histoire et sa vocation, le Street art est attaché aux valeurs du provisoire, de l’éphémère. La récente aventure de la Tour Paris 13 apparaît comme la manifestation symbolique d’un bouquet final, celui d’un street art né dans la rue et désormais accaparé par le circuit marchand de l’art.
C’est à une centaine d’artistes de street art venus de seize pays qu’a été confié par le directeur de la galerie parisienne Itinerrance Mehdi Ben Chelkh le projet  d’occuper presque totalement la surface intérieure (sols, murs et plafonds, soit 4.500 m²) d’un immeuble du 13ème arrondissement à Paris. Au mois d’octobre 2013, sur neuf étages, trente six appartements  ont été investis, parfois encore meublés, jusque dans les placards. Les deux niveaux en sous-sol ont été aussi intégrés au projet. Durant sept mois, les artistes se sont engagés de manière bénévole  pour réaliser la plus grande expérience de street art jamais réalisée en France.

Chronique d’une mort annoncée

A la différence d’un street art au destin aléatoire, le projet Tour Paris 13 annonçait la couleur : la tour serait détruite dans un délai court après cet investissement artistique d’ampleur. L’occasion était offerte de multiplier l’impact du projet en lui associant des paramètres inédits pour cet art sauvage, ne connaissant jusque là que les réflexes clandestins acquis avec sa pratique subversive.
La Tour Paris 13 se voit alors enrichi par un projet «  transmédia visuel et sonore, immersif et collaboratif qui donne le pouvoir aux internautes. »  Un site internet permet de découvrir les artistes et les voir à l’œuvre, à travers photos, vidéos, textes et enregistrements audio. Une bande sonore originale est également accessible. Ce fonds est enrichi au fur et à mesure des contributions photographiques des internautes. Ceux-ci sont appelés à sauver virtuellement les œuvres de la destruction. Cette investigation internet devient alors l’unique témoignage pérenne de ce projet artistique démesuré.

Tour Paris 13
Tour Paris 13

Le chant du cygne

L’ouvrage qui vient de paraître aux éditions Albin Michel dresse le bilan iconographique de cette aventure unique et vérifie sa dimension pluriculturelle. Car ce sont bien les apports artistiques de toutes origines qui ont transformé l’immeuble Paris 13 en une tour de Babel du Street Art, à commencer par celui du graffeur franco-tunisien El Seed qui, après s’être vu confier le minaret de la mosquée de Gabès, bénéficie avec le mur pignon de la Tour 13, d’une visibilité exceptionnelle. A côté d’artistes français désormais connus ( Seen Hart, C 215, Sambre qui a récupéré les portes et fenêtres laissés par les autres artistes dans les couloirs de l’immeuble pour reconfigurer entièrement une pièce du dernier étage de la tour), le street art du monde entier se rassemble : Arabie Saoudite,Brésil, Italie, Australie, Etast-Unis, Portugal, Chili, Colombie,Iran…

Destruction Tour Paris 13
Destruction Tour Paris 13

L’iconographie occupe donc la place essentiel de l’ouvrage qui n’élude pas la destruction de la tour. Ce dernier acte d’une mort programmée donne à l’ opération de travaux public une couleur particulière, celle d’une performance chargée de symboles. Les pelleteuses mécaniques ont fait jaillir à ciel ouvert les strates de cette histoire comparable à aucune autre, dévolue à une non-marchandisation, rebelle à toute perpétuation, dédaignant tout cénotaphe vaniteux. Le street art de la tour Paris 13 apparaît comme le chant du cygne pour un mouvement artistique sans maître à penser, sans école, sans dogme, sans table des lois. Une autre histoire commence désormais dans les galeries, les musées, les centres d’art. Mais il faudra lui trouver un autre nom.

 

Photos :
Tour Paris 13 : source Valeurs actuelles
Destruction de la tour : StevenTunier

« Tour Paris 13, l’évènement Street Art »
  Mehdi Ben Cheikh

Albin Michel Novembre 2014
EAN13 : 9782226259035

Expositions

Street art : la guerre est finie

Perturbateur, contestataire, rebelle, l’art des graffitis puis des tags, né dans la rue pour la rue a rendu les armes. Désormais, pour reprendre les mots de Christophe Genin dans « Le Street art au tournant » : « Le Street art est entré dans l’industrie de la mode, devenue une rubrique du marché de l’art et du design qui promeut des oeuvres cessibles (toiles, objets d’art, installations, vidéos, vêtements, accessoires de mode, objets de consommation courante), faites dans le style de la rue pour satisfaire une clientèle fascinée ou divertie par l’héroïsme canaille associé à la figure du graffeur, que cette clientèle soit un adolescent mimétique en mal de modèle d’identification ou une grande bourgeoise blasée en mal de frisson« .

"Djibril Cissé" 2014 pochoir aérosols   C215
« Djibril Cissé » 2014 pochoir aérosols C215

In Situ

Avec lucidité et honnêteté
C 215 , dont l’exposition « Douce France » s’ouvre au Palais Bénédictine à Fécamp dans quelques jours, reconnaissait dans une tribune du Nouvel observateur :
« Alors que ceux du graffiti ne recherchaient pas la commercialisation, les Street artistes se ruent vers le système commercial, vers les musées et les honneurs les plus divers. J’en suis l’exemple navré. »
Enfonçant le clou, il ajoutait : « Le Street art n’est pas revendicatif mais hédoniste. Pour employer une formule lapidaire, le Street art est un peu au graffiti ce que Doc Gynéco est aux Black Panthers. »

Dans les années cinquante, les murs des villes  deviennent le lieu de la révolte. Il est même question de révolution. En France le  » Ne travaillez jamais !  » de Guy Debord en 1953 marque une prise de possession de la rue certes politique mais également artistique aux yeux de son auteur. Les Lettristes, les Situationnistes  accaparent cet espace avant que  les acteurs de 1968 s’approprient la rue et ses murs. La nature même de cet art de la rue tenait à cette présence urbaine non autorisée, libre de toute attache mercantile, imposant au spectateur involontaire son cri rebelle. A cette trop libre parole, les institutions opposent alors les accusations de vandalisme et de dégradation réprimées par la loi. La généralisation de la bombe aérosol ouvre une ère nouvelle pour ce Street art envahissant, dérangeant mais qui montre que la dimension artistique se développe avec une créativité sans entraves. Et quand apparaissent  les premiers signes de fléchissement dans la vocation protestataire de cet art des rues, les contradictions entre la nature in situ de cet art et une probable récupération par le marché se font jour.

" Max Spray "  Mr Brainwash
 » Max Spray  » Mr Brainwash

« Si un jour le tag est autorisé, j’arrête. « 

C215 témoigne : « Oclock m’a dit un jour : « Si un jour le tag est autorisé, j’arrête.  »
L’art du graffiti, les créations de l’aérosol participaient d’une démarche clandestine, le plus souvent nocturne, anonyme. Désormais le Street art  avance à visage découvert, revendique sa signature, son identité à quelques très rares exceptions, s’emploie à promouvoir son image à travers les médias, les réseaux sociaux. Centres d’art, musées, galeries accueillent aujourd’hui les artistes  d’un Street art  qui a abandonné en franchissant le seuil des lieux d’art ce qui constituait la raison même de son existence : sa liberté subversive.
Révélateur également le fait que les institutions ont non seulement fait rentrer dans le rang et dans leurs murs les artistes du Street art, mais également l’espace urbain devient le support d’un muralisme pour lesquels les artistes du Street art produisent désormais sur commande des œuvres à l échelle de la ville, dans une création encadrée à l’opposé du geste rebelle des origines. La guerre est finie.

 

C215
« Douce France »

13 juin – 28 septembre 2014
Palais Bénédictine
110 rue Alexandre Legrand
76400 Fécamp

MR BRAINWASH
« Life is beautiful »

6 juin -5 juillet 2014
Galerie Rive gauche Marcel Strouk
23 rue de Seine
75006 Paris

Expositions

La double image de Keith Haring

A travers le monde quel est l’artiste le plus reproduit ? Léonard de Vinci ? Michel-Ange ? … ou peut-être Keith Harring ? Il ne s’agit pas certes d’une Joconde omniprésente ou d’une chapelle Sixtine diffusée à l’envi. Mais l’œuvre de Keith Haring est partout : sur les badges, les tee-shirts, les assiettes, les foulards, les tasses à café… multipliée à l’infini par un marchandising effréné.

Ketih Haring vue générale Musée d’art moderne de la ville de Paris 2013

Naissance d’une image

L’exposition actuelle du musée d’art moderne de la ville de Paris replace cette fièvre dans son véritable contexte :l’aventure d’un jeune homme rebelle à la vie trop courte pourtant remplie par cette frénésie d’inonder l’univers de sa trace personnelle. A l ‘origine, ce sont des milliers dessins qui envahissent New-York. Haring commence à dessiner à la craie blanche sur des panneaux publicitaires noirs du métro New yorkais. Il grave également des dalles de grès des trottoirs dans l’East Village.
Bien avant que notre Street art se soit fait légitimer par son accueil dans les institutions, Keith Haring voyait tout jeune son œuvre prendre une ampleur révélée par les tableaux présentés à Paris actuellement.
Il est remarquable d’observer comment ses premières œuvres d’un graphisme à l’effet quasi abstrait vont donner naissance, incidemment, à travers ce réseau serré de formes enchevêtrées, à ce personnage simplifié qui fera sa gloire.

« The political line »

L’exposition prend comme fil rouge  « The political line » de l’artiste. Le jeune rebelle, dès ses premières œuvres, s’oppose au pouvoir de l’Etat. Il part en  guerre avec virulence contre le capitalisme et la société de consommation. La religion, les médias, le racisme, l’apocalypse nucléaire seront autant de sources d’inspiration pour faire de son graphisme ravageur un outil de combat. L’artiste, dans une posture individualiste affirmée, aura voulu montrer sa capacité d’opposition en solitaire face aux injustices du monde.
Cependant, un de ses combats, le dernier, sera perdu. Atteint du sida, Haring se lance dans cette croisade pour lutter contre l’épidémie, promouvoir les rapports protégés, jusqu’à sa mort à New York en 1990.

Oeuvre inachevée Keith Haring

Dans les derniers tableaux présentés en fin d’exposition du musée d’art moderne, le graphisme abstrait reprend le dessus, comme s’il fallait engloutir dans le flot des signes ce personnage à l’image de son auteur destiné à mourir jeune.
Keith Haring n’a donc pas gagné ce dernier combat sur le sida comme il n’a pas gagné non plus celui sur une société de consommation qui a si bien su se servir de son image, de son graphisme et finalement immortaliser celui qui voulait pourfendre l’hégémonie du dollar.
Si bien que l’image d’un Keith Haring en position de résistance à une société qu’il condamne, une fois diffusée mondialement dans les conditions que l’on connaît, s’estompe avec le temps derrière cette autre image d’un produit marchand triomphant, entretenue avec application.

Photos de l’auteur

Keith Harin
« The political Line »
Commissariat de l’exposition:
Dieter Buchhart, Odile Burluraux
19 avril – 18 aout 2013
Musée d’art moderne de la ville de Paris
11 avenue du Président Wilson
75116 Paris

 

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Expositions

Le Mail Art se met en quatre

L’art postal ou mail-art  a pris, depuis sa naissance  au début des années soixante, des aspects variés. Au-delà du premier support évident que constitue une enveloppe postale, l’envoi fut effectué parfois sur un morceau de carton, de bois, d’écorce, un disque ou une boîte d’allumettes. Le mail art ne se refuse aucune discipline artistique : sculpture, peinture, photographie, bande dessinée, collage, dessin….

Match à quatre

Dans la version actuelle présentée à la galerie Taiss à Paris, c’est un jeu d’artistes qui s’est mis en place,  jeu à quatre protagonistes par œuvre, cadencé à chaque étape par un envoi postal : le principe : « une grande feuille carrée de soixante centimètres de côté  , pliée en quatre, circule entre quatre artistes. Le premier intervient sur le quart du format. Il expédie sa création par voie postale au suivant qui fait de même… jusqu’au quatrième participant. Une oeuvre collective s’est constituée. Les créations, finalement exposées, sont réalisées à plusieurs mains selon le principe des “Add-on“ : une communication d’artiste à artiste transitant via le réseau postal. »
De nombreux artistes sont alors sollicités pour ce jeu collectif , parmi lesquels Aeschbacher , Albinet , Ben, Cueco, Dessons, Giai-Miniet, Guyomard , Hadad , Larus, Le Cloarec, Mesnager,  Velickovic,  Viallat,  Villeglé … Si bien que, à distance, les artistes se renvoient la balle, se mesurent dans ce tableau carré où chacun des quatre participants interviendra.

Cadavre exquis ?

Sans être rigoureusement comparable au jeu des surréalistes, qui, outre le cadavre exquis littéraire, se sont également livrés au cadavre exquis graphique, il y a quelque chose de cette confrontation artistique dans ce tableau à quatre mains qui avance au gré des envois postaux.
Il y a parfois de la complicité entre artistes qui se connaissent bien. L’exposition de la galerie Taïss est ample, développée sur plusieurs niveaux. Le personnage blanc de Jérôme Mesnager a trouvé encore un nouveau terrain de jeu, après avoir connu tous les murs des villes à travers le monde.

Jérôme Mesnager exposition « Au-delà du Street-art »  musée de la Poste Paris

 

Bien lui en a pris de s’envoler dans les feuilles de ce Mail Art car, pendant ce temps, le musée de la poste à Paris l’a enfermé, sous motif de Street art, dans une cadre sous verre de peur de le voir retrouver son seul espace de liberté : la rue.

 

 

 

Photos galerie Taïss

 

(e) Mail-art

Aeschbacher – Albinet – Assadour – Avoine Balmier – Ben – Beytout – Bohers – Bouchereau – Bresson – Crespo – Cueco – Dessons – Di Rosa Dodet – Dugain – Durand – Garcia Cordero Giai-Miniet – Gispert – Guyomard – Hadad Hergibo – Hosszu – Joinul – Larus – Le Cloarec – Le Gac – Lévèque – Ljuba – Matta – Mesnager Mosner – Potage – Qotbi – Saiah – Raba – Rose Truc – Turquand d’Auzay – Tyszblat – Velickovic Viallat – Villeglé – Vimard – Wilson

26 Janvier – 27 février 2013

Galerie Taiss
14, rue Debelleyme
75003 Paris

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Coups de chapeau

Klaus Dauven, sous haute pression

Un coup de chapeau pour le plaisir hors d’une actualité immédiate : l’ artiste allemand Klaus Dauven  utilise pour son travail un outil qui ne fait pas le bonheur des créateur de graffitis : le nettoyeur haute-pression. Au point que son œuvre a été  parfois qualifié de « anti-graffitis ».
En 1997, c’est artiste découvre comment faire des marques en « lacune » sur une surface sale.
Cette idée va alors prendre des proportions  quasi architecturales avec dès 1999 ses premières tentatives en plein air.  A Düren, sa ville natale, il dessins sur le béton sale d’un pont  à l’aide d’une brosse métallique. Ces dessins, en quelques sortes négatifs, montrent un résultat très précis avec cet outil inhabituel.

barrage d’Olefstalsperre en Allemagne Klaus Dauven 2007

Lorsqu’il lui fut demandé, au fil des années, des œuvres monumentales, l’artiste se dota d’un outil nouveau avec ce nettoyeur haute pression. En 2007, on lui donne la possibilité de réaliser sa plus grande oeuvre au barrage d’Olefstalsperre en Allemagne. Pour ce qui représente sa plus grande réalisation à ce jour, Klaus Dauven  se confronte à ce mur couvert de moisissures, de mousses, de saletés diverses et, dans ce travail de nettoyage sélectif, « dessine » dix silhouettes d’animaux représentatifs de la faune locale.

Les barrages se présentant comme une « toile » privilégiée, l’artiste, au Japon, réalise à nouveau une œuvre monumentale au barrage de Matsudagawa. Là, ce sont des pétales d’azalée qui naissent à cette échelle démesurée.

barrage de Matsudagawa Klaus Dauven 2008

Klaus Dauven joue ainsi entre le sale et le propre, le laid et le beau, pour réaliser une oeuvre en négatif sur un support inédit et transforme son nettoyage haute pression en révélation artistique.

 

Photos source :http://www.baulinks.de/webplugin/2007/0745.php4

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