Depuis déjà quelques années, la construction d’un nouvel écrin pour l’atelier de Brancusi devant le Centre Pompidou de Paris, édifice réalisé par l’architecte Renzo Piano, a donné lieu à une nouvelle mise en place de tous les éléments constitutifs de l’atelier, auxquels s’ajoutent une documentation photographique et sonore.
Cet espace contemporain est divisé en quatre ateliers. Les deux premiers sont consacrés à la présentation des œuvres du sculpteur.
En 1956, lorsqu’il lègue à l’Etat français la totalité de son atelier avec tout son contenu (œuvres achevées, ébauches, meubles, outils, bibliothèque, discothèque…) Brancusi impose que le Musée national d’art moderne s’engage à le reconstituer tel qu’il se présentera le jour de son décès.Ces impératifs sont peut-être toujours en vigueur dans cet espace créé par Renzo Piano.
Personnellement je suis très réservé devant cette présentation des deux premiers ateliers. L’accumulation des sculptures me semble contraire à la mise en valeur d’œuvres dont la pureté des formes induirait plus volontiers un espace presque vide avec donc très peu de pièces. Au contraite, cet amoncellement d’œuvres petites moyennes et grandes brouille le regard davantage qu’il ne le stimule. En revanche, dans les ateliers 4 et 5, la présentation des outils du sculpteurs m’apparaît beaucoup plus convaincante, émouvante même lorsque l’on imagine l’homme au travail. La documentation du Centre Pompidou détaille cet aspect de la présentation :
« Les outils investissent l’espace autour de l’établi et à proximité de la forge. Brancusi taille dans la masse du matériau (marbre, pierre, bois ou plâtre) pour parvenir à la forme, et chaque outil doit par conséquent être le prolongement direct de sa main, suivre les plus légères inflexions de son geste.
Pour obtenir cette proximité, Brancusi peut modifier ses outils, les adaptant à sa main et à la fonction qu’il leur assigne. Il retravaille aussi de vieux outils, qui ne sont pas nécessairement des outils de sculpteur, comme un crochet d’égoutier, et les adapte à son propre usage. La forge où il fabrique lui-même les armatures de ses plâtres et les tiges métalliques insérées à l’intérieur des Oiseaux, lui sert aussi à transformer ses outils. Brancusi utilise également des machines électriques (meule électrique et ponceuses) pour polir à l’extrême le marbre ou le bronze ; un système de palans et de cordes à poulies maintient le matériel électrique au-dessus de l’œuvre en cours, sans trop peser sur elle».
Au-delà même des outils du sculpteurs, on entrevoit, au fond de l’atelier la chambre photographique et un petit appareil de projection de films, outils vraisemblablement peu présents dans les ateliers de sculpteurs de son époque.
Photo de l’auteur.