« La peinture et après… »
Il y a déjà quelques années j’avais eu le plaisir de présenter Hervé Penhoat dans l ‘exposition collective « La peinture et après… ». Avec la remarquable série « Mémoires hors champ », l’artiste proposait des tableaux-vidéo, plans fixes sur une scène réelle, travaillés avec les moyens de cet outil vidéo. Peintre sans pinceaux, l’artiste tendait la main aux peintres Flamands à travers les siècles pour appréhender ce qui le relie à ses ancêtres. Le « tableau » que nous offrait Hervé Penhoat, plan fixe d’un moment suspendu, ne faisait pas seulement appel à la captation d’une scène filmée. L’usage du ralenti, le traitement de l’image, dans sa lumière et son contraste, participaient à ce « Jour de lenteur » à travers lequel il interrogeait, par ce dépassement du tableau, la vocation d’un mode de représentation contemporain

Avec son impressionnante série des « Instants » Hervé Penhoat rejoignait le Haïku de la culture japonaise. Le Haïku est un petit poème extrêmement bref visant à dire l’évanescence des choses. En 1891 le poète japonais Masaoka Shiki forge le mot Haïku qui est la contraction de Haikai « amusement » et Hokku qui signifie « court ».
Hervé Penhoat, à l’image de ce procédé traditionnel, discret, réservé, loin des comportements exubérants, des gesticulations encombrantes observées parfois dans l’art du temps, avance avec une tranquille opiniâtreté sur cette voie délicate dans laquelle l’outil vidéo appartient à l’intime.
Aujourd’hui une nouvelle aventure commence avec : « Nos Mondes engloutis ».
« Nos Mondes engloutis »

« La série, « Nos Mondes engloutis », fait référence à ces mythes, ces contes et légendes passés que l’on retrouve dans de nombreuses cultures à travers le monde, de la Bretagne à l’Écosse en passant par les pays germaniques, du Nord, du Sud, de l’Asie, qui se croisent, s’entrevoient de temps en temps et sont la trace d’un passé réel, interprété dans une universalité où le temps laisse sa place aux leçons de nos ancêtres ».
Lié pour raisons familiales à l’Asie, il entreprend un voyage qui prend la voie d’un cinéma à son image. Après avoir utilisé avec le plan fixe la grammaire cinématographique à ses débuts, Hervé Penhoat redonne une jeunesse au travelling tel qu’Alain Renais l’avait réinventé. Une narration off accompagne et souligne cette respiration du travelling. Le cinéaste rejoint la famille d’un Chris Marker ou d’un Jean-Daniel Pollet. Certes le « Méditerranée » de Pollet bénéficiait des textes de Philippe Sollers. Il y a peut-être quelque chose à creuser pour magnifier cette narration.
« Nos Mondes engloutis » donne d’entrée un ton personnel à cette création vidéo qui mérite qu’on y porte toute l’attention nécessaire. En période de confinement, quoi de plus simple que de rejoindre sur la toile cet artiste précis qui sait relier dans un même regard rigueur et poésie ?
« Nos Mondes engloutis »
Hervé Penhoat
Série vidéo