Portraits

Jacques Halbert, la cerise sur le gâteau

En 1976, sur le plateau Beaubourg, à côté d’un grand chantier qui ne s’appelle pas encore Centre Pompidou, j’assiste, avec d’autres curieux prévenus par des voies non officielles et quelques passants, à l’action d’ artistes un peu marginaux. Jacques Pineau et le « Le Radeau de la méduse » effectuent le partage du « gâteau Beaubourg», avec un véritable pâtisserie en forme de Centre Beaubourg, dans une fête de saltimbanques à laquelle participe un artiste, quelque peu pâtissier et joueur d’accordéon : Jacques Halbert.

Immergé dans le milieu des artistes contemporains parisiens, Jacques Halbert , alors que ses collègues artistes de ces années soixante dix, enfoncent le clou souvent avec un travail cadré, répétitif à l’envi, effectue un choix quelque peu parodique et peint …. une cerise. Ce qui aurait pu rester comme une blague de potache va devenir, avec cette posture insistante, le fil rouge de son œuvre, « manifeste du bon goût » selon son expression.
Lorsque le Centre Pompidou sera sorti de terre, on retrouvera l’artiste sur son tricycle-galerie, narguant l’ institution avec son obsédante cerise.

Mais comme l’homme ne tient pas en place, il part pour les Etats-Unis, se mêler aux avant-gardes new-yorkaises., découvrant Fluxus, les performances, l’eat-art etc…
S’il n’entend pas fixer sa vie à un endroit déterminé, l’artiste maintient avec application le cap sur cette fameuse cerise obsessionnelle.
Peintre, artiste de performances, Jacques Halbert garde une distance avec l’art contemporain en se protégeant derrière la barrière de l’humour et du rire. Il ya quelques années il a même présenté au centre d’art du Creux de l’Enfer une exposition « Le mur du rire ». Dans ce lieu, il a proposé ce fameux mur du rire, composé de vingt hauts parleurs sur lesquels flottaient des chemises vibrant sous la force vivante des rires de créateurs. C’est ainsi que les rires de Jean Dupuy, Fromanger, Ben, Joël Hubaut, Michel Giroud ou Claude Lévêque, se sont retrouvés détenus et mémorisés à jamais dans une œuvre.
Depuis les années soixante dix, son vieux tricycle a été remplacé par un autre, flambant neuf, parcourant quelques foires artistiques.

On ne peut pas ne pas conclure que, depuis cette pâtisserie géante en forme de Centre Beaubourg, dispersée en 1976 devant le centre naissant, Jacques Halbert se sera bien installé dans sa vie d’artiste comme une cerise sur le gâteau.

Photo 1976 de l’auteur. Droits réservés.
Photo 1978 : Jacques Halbert

Jacques Halbert dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain
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