Portraits

Denis Rivière et l’indicible

« La peinture est un monde complexe et riche où le mot ne pourra que castrer l’intention du peintre. » Voilà de quoi refroidir les ardeurs de celui qui s’aventure à écrire quelques mots sur la peinture de Denis Rivière auteur de cette affirmation.
Au premier abord, Denis Rivière peut paraître comme un peintre déroutant. Le choix des thèmes abordés dans sa peinture passe des fragments de ruines gréco-romaines aux ciels ou aux rivages pollués ou aux habitants de son village. Mais ces réalités là ont-elles vraiment une importance ? Denis Rivière est peintre et c’est la peinture qui l’intéresse.

365 ciels

A la manière de Monet, peignant jusqu’à l’épuisement les nymphéas pour nous dire que la peinture est le sujet de son œuvre, Denis Riviere s’est attelé à une tâche singulière :
« Mon projet a été de dresser le constat du ciel, pendant toute l’avant-dernière année du siècle, du 1er janvier 1999 au 1er janvier 2000. Chaque jour, à l’heure qui m’a semblé la plus propice, quels que soient la qualité du temps et le lieu où je me trouvais, j’ai peint le ciel tel que je le voyais. »
Tout au long de nombreux voyages à travers le monde le peintre poursuit cette tâche contraignante jusqu’au passage du millénaire. Ces 366 pastels furant présenté à l’espace Electra à Paris du 27 janvier au 20 février 2000, illustre de façon symbolique le passage du temps.

Egyptiennes

Comment ne pas être séduit par cette série « Mémoire de la route oubliée » ? Dans les premières années du vingtième siècle, des voyageurs découvrent par hasard, en Erythrée, une tombe située au pied des montagnes, au bord de la mer rouge.
A partir des scènes polychromes de ces peintures murales, Denis Rivière a produit une série de toiles captivantes. C’est en effet la mémoire que peint l’artiste, tendant la main à ceux qui, près de deux mille ans plus tôt, ont donné naissance à ces œuvres.

« Les Egyptiennes » Denis Riviere

C’est un souvenir cinématographique qui me revint à l’esprit : le film « Méditerranée » de Jean-Daniel Pollet. En 1963, le cinéaste tourne ce film rare : quatre mois de périple en voiture, en compagnie de Volker Schloendorff, tout autour de la Méditerranée. Quinze pays, trente-cinq mille kilomètres. Montage de plans sur un commentaire de Philippe Sollers, ce film me rappelle étrangement ces tableaux de Denis Rivière.
Et peut-être aussi que Denis Rivière, à travers cette œuvre apparemment hétéroclite tente de rassembler les fragments d’une mémoire oubliée, d’une route personnelle qu’il tente de décrire. Non, la route qu’il cherche à retrouver n’est pas déroutante. Elle s’appelle la création.

Denis Rivière dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain


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