Pour mémoire

L’étrange cabinet du docteur Vanarsky

Jack  Vanarsky (1936-2009) , sculpteur, présentait une caractéristique physique remarquable : il ressemblait  à Albert Einstein. Mais, à la différence du grand scientifique, Vanarsky  déjouait joyeusement les règles de la science pour se livrer , en savant fou, à la création d’un monde délivré de nos repères rationnels.

Jack Vanarsky

Ma première rencontre avec une œuvre de Jack Vanarsky remontait à un Salon de Mai à Paris en 1973. Sur un socle, un bras animé baigné par une lumière qui ajoutait à l’étrange, s’offrait au regard. Immédiatement, cet objet venu de nulle part tranchait avec toutes les sculptures alentours. Depuis cette époque, l’artiste a su développer cette œuvre inclassable, si personnelle. Inclassable, car s’il s’agit bien de mouvement, il est bien difficile de l’apparenter à l’art cinétique en général. Seule la lenteur qui caractérise le mouvement de ses sculptures pourrait le rapprocher de Pol Bury mais la comparaison s’arrête là. Personnelle, car Jack Vanarsky , malgré ses expériences de groupe, a développé une œuvre véritablement solitaire.
Jack Vanarsky a fait partie de l’OUPEINPO, groupe à l’histoire instable où l’on retrouve aussi bien Jean Dewasne que Jacques Carelman. Les œuvres de ces artistes sont si éloignées les unes des autres que toute tentative de comparaison serait vouée à l’échec.

Varnarsky restait, en fait, un solitaire. Son but :  « Traiter l’immobilité par le mouvement, la quiétude par l’inquiétude, l’absence par la présence, le mou par le dur, le continu par le discontinu, le silence par le bruit. »

La chambre de Kafka Installation 2003 Jack Vanarsky

De la grande rétrospective que la maison d’Amérique Latine à Paris lui avait consacré, il y a une quinzaine d’années  se dégageait une atmosphère quelque peu inquiétante. Toutes ces œuvres réalisées à partir de lamelles animées électriquement constituaient un ensemble cohérent, dont la lenteur des mouvements ajoutait aux objets une vie organique hors du commun. L’artiste nous faisait perdre nos repères dans ce monde vivant mais incompréhensible. Si le bras animé du Salon de Mai trente plus tôt pouvait être perçu comme mu par la vie, les objets (table, chaise, tableau et c..) peuvent –ils être vivants ? De quel droit ? Nous voilà en présence de mutants dont on ne sait si Jack Vanarsky, dans ses habits de Docteur Frankenstein, maîtrisait l’évolution. Méfiance !

Jack Vanarsky dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo: Wikipédia

 

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