Expositions

Claude Rutault dans l’atelier de Vermeer

« Je ne suis pas un artiste conceptuel, je suis un peintre.»

Pour que les choses soient claires, Claude Rutault affirme d’emblée: « Je ne suis pas un artiste conceptuel, je suis un peintre.». Quand bien même le travail de l’artiste est étayé par des textes prolifiques, c’est bien la démarche d’un peintre qu’il nous est donné de suivre. L’exposition  » Actualité de la peinture » présentée actuellement à la galerie Perrotin à Paris passe en revue un certain nombre d’oeuvres de Claude Rutault, chacune occupant une salle entière. Dans ces séries des « Dé-finition/méthode » identifiées par un numéro, il sera question de Nicolas Poussin, Johannes Vermeer, Antoine Watteau. Pour prendre l’exemple de la dé-finition/méthode 232. “’art de la peinture – l’atelier – Vermeer” 1986, l’artiste compose un assemblage signifiant les  » éléments incontournables » , notamment : « 1. La lumière. chez Vermeer la lumière vient presque toujours de la gauche? 2. L’importance du sol, le carrelage en perspective remplacé par des toiles noires et blanches sans que cela forme un damier 3. La toile posée à plat, placée à proximité de la toile suspendue devant la carte. dé-finition/méthode “la peinture mise à plat”. 4. Comme dans tout atelier d’artiste une pile de toiles préparées en blanc ».

La dé-finition/méthode 232. “l’art de la peinture – l’atelier –
Vermeer” 1986, Claude Rutault

Discours de la méthode

En 1973, lorsqu’il entreprend de repeindre les murs de sa cuisine, Claude Rutault recouvre dans le même temps un petit tableau qu’il avait laissé là par inadvertance. Il lui apparaît alors manifeste qu’une toile et son mur cohabitent dans un rapport qui est loin d’être neutre et qu’il serait intéressant d’en rendre compte. C’est le point de départ d’une quête sans fin qui, depuis quarante ans, amène l’artiste à nous interroger avec cette méthode rigoureuse, exigeante voire intransigeante sur la peinture. L’histoire du tableau n’est qu’une petite partie de l’histoire de l’art, de la grotte Chauvet à …Claude Rutault.

« L’art de la peinture » ou « L’atelier » Joihannes Vermeer 1666

Ce dernier, avec l’ascétisme des peintres de l’art concret, propose dans cette installation la scénographie du tableau de Vermeer. La source de lumière provient bien de la gauche par une véritable fenêtre de la galerie, occultée par un paravent. Au sol, de petites toiles monochromes noire et blanches rappellent le plan en damier de l’atelier de Vermeer. La toile en cours de travail, d’un jaune monochrome, cette couleur de prédilection du peintre hollandais, est posée à l’horizontale comme dans l’atelier de Vermeer. La comparaison se poursuit ainsi avec plusieurs autres détails de l installation.

J’ai évoqué récemment « La radicalité en peinture » d’un Olivier Mosset. Cette qualification n’aurait rien d’usurpée à propos de Claude Rutault. L’engagement de principe rappelle également celle d’un François Ristori établissant en 1967 les règles de « Traces-couleurs » qui déterminent depuis ce temps son travail.
Si Claude Rutault ne veut pas être considéré comme un artiste conceptuel, force est de constater qu ‘une position de principe engage l’oeuvre à venir sur ce chemin de rigueur. Il reste une question non résolue en visitant cette exposition de la galerie Perrotin : Vermeer aurait-il retrouvé ses propres fondamentaux dans l’oeuvre de Claude Rutault ? On sait que le peintre hollandais peignait lentement, guère, plus de trois toiles par an nous dit-on.  On se prend à rêver d’une visite de Claude Rutault dans l’atelier de Vermeer ou … d’une visite de Vermeer dans l’ atelier de Claude Rutault. Mais ce dernier a-t-il un atelier ?

Claude Rutault dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo Galerie Perrotin

« Actualités de la peinture »
Claude Rutault

12 Septembre- 9 Novembre 2013

Galerie Perrotin
76 rue de Turenne
75003 Paris
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