Expositions

Julio Le Parc, d’une révolution à l’autre

Pénétrables

Pénétrable Julio Le parc entrée exposition Palais de Tokyo Paris 2013

C’est la même idée scénographique qui préside à l’ouverture des expositions Soto au Centre Pompidou et Julio Le Parc au Palais de Tokyo à Paris actuellement. Dans les deux cas, il faut passer par un pénétrable pour accéder à la suite de l’exposition. Cette idée est juste car elle oblige le visiteur à se mettre en condition pour accepter de voir ses sens perturbés dans chaque parcours. Pour autant, l’exercice n’est pas exactement du même ordre dans les deux cas. Pour Soto, tant bien que mal en avançant à l’aveugle, on sort sans difficulté de l’obstacle. Pour Julio Le Parc, ce pénétrable constitué de lamelles larges réfléchissantes comme des glaces n’aboutit qu’à une seule sortie possible, tout le reste étant fermé. Je dois avouer , à ma grande confusion, avoir un fait un tour pour rien avant de retrouver (grâce à l’aide bienveillante d’un gardien) la sortie libératrice. Je veux croire, par fierté, que beaucoup d’autres ont subi la même humiliation.

« Sphere rouge » de Julio Le Parc au Palais de Tokyo 2013

Il faut donc mériter l’accès à l’exposition Le Parc qui vaut bien cet effort. Beaucoup de ces œuvre sont connues et ont été montrées dans diverses circonstances. En France, il est possible que cela remonte néanmoins à l’exposition  à l’espace Electra (EDF) en …  1995.

Assurément l’exposition Le Parc est la plus imposante actuellement à Paris dans la surprenante vague cinétique qui déferle et le restera au plan monographique même si, dans son importance, la très prochaine exposition Dynamo au Grand Palais sera concurrente.

La révolution du GRAV

Julio Le Parc a participé au sein du G.R.A.V à  l’ ambition révolutionnaire du groupe, dès 1961,  de modifier structurellement les relations à l’art. : transformer le rapport artiste-société, modifier le rapport oeuvre-oeil, dépasser les valeurs plastiques traditionnelles. Ce même groupe devait hausser le ton lors de la troisième biennale de Paris en 1963 :  « Assez de mystifications » lançaient ces artistes, estimant que l’on ne sortait pas d’un circuit bouclé de l’art, cercle vicieux dans lequel il n ‘y avait pas d’ouverture possible.
Julio Le Parc a  participé activement à cette ambition transformatrice. Les oeuvres cinétiques de ces années illustrent cette vocation

L’autre révolution

Mais Julio Le Parc n’ a jamais perdu de vue un autre militantisme, directement politique celui-là. Grand prix de la biennale de Venise en 1966,  Il est expulsé de France en 1968 pour avoir participé à l’atelier populaire des Beaux-Arts qui créait les affiches de mai 68, expulsion maintenue malgré l’émotion suscitée auprès  d’autorités culturelles (Anthonioz, Lassaigne, voire Malraux). De retour en France, il conserve son potentiel de contestation. Ainsi, il fait partie des artistes qui refusent de participer à l’exposition 72/72 au Grand Palais, en 1972, exposition considérée comme caution du pouvoir. Ses participations à la Brigade des artistes antifascistes (  Pour le Chili Athènes, 1975, Pour l’Amérique Latine Nancy, 1977, Pour le Salvador Paris, 1981)  jalonnent cet itinéraire militant.

« Salle de jeux » de Julio Le Parc, au Palais de Tokyo, des punching balls à l’effigie du patron, du curé, de l’intellectuel, du juge ou du professeur

Dans l’exposition du Palais de Tokyo, une salle propose un immense jeu de punching balls invitant à cogner des figures d’autorité, militaire, père, prêtre, patron, juge. Un jeu de fléchettes suggère de « choisir ses ennemis« , de l’ »impérialiste » à l’ »intellectuel neutre » en passant par le « capitaliste » ou le « militaire ».

Et si l’artiste propose tout un jeu de lunettes à grilles variables pour voir le monde autrement, cette intention ne se limite pas à la vision optique. Julio Le Parc entend nous entrainer dans un déformatage à la fois du regard et de la pensée.
« D’une manière générale, par mes expériences, j’ai cherché à provoquer un comportement différent du spectateur (…) pour trouver avec le public les moyens de combattre la passivité, la dépendance ou le conditionnement idéologique, en développant les capacités de réflexion, de comparaison, d’analyse, de création, d’action. »

Cette révolution là reste présente dans les préoccupations de ce  jeune artiste indocile de quatre-vingt cinq ans.

 

Julio Le Parc dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photos de l’auteur.
Julio Le Parc, Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson, Paris 16e
Du 27 février au 20 mai 2013
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