La chaîne vidéo

Lydie Arickx : arborescences

Au château de Chambord s’ouvre une exposition consacrée à Lydie Arickx. Sous le titre « Arborescence » l’univers de Lydie Arickx se déploie à travers ses pratiques multiples qu’elle exerce depuis des années avec une facilité qui pourrait rendre envieux nombre d’autres artistes. « La fréquence des arborescences dans les oeuvres de Lydie Arickx dépasse le motif et ses associations symboliques : elle est la forme même de son travail, son dessin originel, sa matrice dont toutes les figures procèdent. La triade définitoire du mot, immédiatement, l’affirme : dessin / objet / organe. Elle dit cette oeuvre en perpétuelle transposition, en
sauts et saccades, qui épouse le flux vital, court après ses manifestations, embrasse toutes les branches en propulsant
les floraisons, engendrant les surgeons, explorant les diversions qu’elle produit, les partitions qui surgissent. »

Un article de 2012 dans ce blog évoquait l’itinéraire de l’artiste :

L’insoutenable légèreté de Lydie Arickx

Il est fréquent de décrire la longue marche des artistes pour tracer leur sillon après une recherche longue, hésitante, douloureuse parfois. Chez Lydie Arickx tout semble facile, aller de soi. Lydie Arickx peint comme elle respire, sans donner le sentiment de faire un effort sur elle même pour obtenir le résultat souhaite. Cette qualité innée pourrait agacer plus d’un peintre quand on sait ce que peut représenter comme difficulté, chez beaucoup d’entre eux, l’avancée sur le chemin de la création.

Puisque tout est facile, l’artiste s’exprime par tous moyens plastiques avec légèreté, exécutant une danse permanente entre peinture et sculpture . Cette grâce, cette progression dans l’art sur un chemin aussi limpide me semble contraster violemment avec l’expression de son art. Car l’œuvre de Lydie Arickx est faite de tensions, de luttes ; les corps expriment la douleur ; crucifixion, tauromachie, la torture et la mort sont présentes de manière lancinante dans ses tableaux. Les mots qui reviennent à son sujet dans les textes d’observateurs témoignent : « volcan, forces telluriques, corps de séisme, pléthore de vie, de mort, outrance». On pourrait multiplier les exemples qui renforcent l’impression de violence permanente exprimée par sa peinture.

Difficile aussi de ne pas s’étonner du contraste saisissant entre la vision de cette jeune femme souriante et le miroir tragique de son œuvre. À l’opposé d’un peintre tel que Christoforou dont l’allure et la voix sont à l’image d’une œuvre sombre et tragique, Lydie Arickx prendrait-elle un malin plaisir à opposer sa propre image à celle de sa peinture ?
 » Moi, j’ai un travail très primitif,dit-elle, presque rupestre, ce sont des messages et des significations qui ont trait à la vie quotidienne et à la douleur de l’homme. Ce qui m’intéresse c’est le psychisme de l’homme, c’est ce qu’il n’ arrive pas à assumer dans sa quotidienneté. Ma démarche est extrêmement simple, presque aussi simple qu’un dessin d’enfant« .
Voilà. Les autres artistes devront se faire une raison. Cette insolente facilité de Lydie Arickx continuera de s’affirmer jour après jour. Pour l’anecdote, elle déclarait en 2010 au quotidien « Sud-Ouest » :
« Ce matin, juste avant de partir, j’ai fait une sculpture en trois minutes, alors que le moteur de la voiture tournait. J’aimerais garder cette fraîcheur. »

LYDIE ARICKX, « ARBORESCENCES »

CHÂTEAU DE CHAMBORD
30 MAI – 17 OCTOBRE 2021

Lydie Arickx dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Laisser un commentaire