
Le hall du Centre Pompidou après son ouverture en 1977 a vécu sous le signe de l’art cinétique et de l’op-art. Déjà le portrait de Georges Pompidou créé par Victor Vasarely personnalisait l’entrée du centre. Puis c’est l’artiste Jesús-Rafael Soto qui bénéficia d’un emplacement privilégié dans ce hall avec un Volume virtuel réalisé par la suspension de tiges colorées. Au fil des années, ce volume, suivant la disposition des tiges, prenait une forme ou une autre. Puis l’œuvre disparut du hall.
Aujourd’hui Soto fait l’objet d’une exposition personnelle alors que dans Paris une vague cinétique déferle sur les lieux d’art : Julio Le Parc au Palais de Tokyo et à la galerie Denise René du Marais, exposition Soto donc au Centre Pompidou et à la galerie Denise René Saint-Germain, Francisco Sobrino à la galerie Nmarino dans le marais et bientôt la grande exposition « Dynamo » au Grand Palais. Ce retour fracassant de l’art cinétique à Paris contraste avec le silence assourdissant qu’à subi ce courant artistique pendant de nombreuses années.
Vertus du pénétrable
Dans l’exposition actuelle du Centre Pompidou, le visiteur doit franchir l’obstacle du pénétrable de Soto. Cet aspect bien connu du travail de l’artiste Vénézuélien montre combien, dès les années soixante, ce type de réalisation établissait un nouveau mode de communication entre le visiteur et l’art. Expérience à la fois corporelle, sensorielle et visuelle, le pénétrable de Soto nous implique dans une relation physique et mentale à l’oeuvre.

Au-delà de l’abandon même du tableau et du plan, il décrit un espace-temps. Nous ne somme plus observateurs passifs d’un objet peint, mais acteurs d’un « moment » . Le visiteur, mobile à l’intérieur de cet espace, fournit lui-même les critères d’un art à la fois cinétique et relationnel. Des artistes de génération plus récente comme Yann Kersalé ont prolongé cette recherche dans la voie du pénétrable.
L’immatériel
A l’époque où Victor Vasarely dominait la scène artistique à la fois pas son oeuvre et son implication dans la galerie Denise René, Soto se tenait à distance respectueuse. Il renonce à participer à « The Responsive eye » exposition emblématique qui a lieu au Museum of Moderne Art de New York en 1965 : Autour de ce thème de « L’oeil sensible », on présente, d’Albers à Vasarely, toute la chaîne des artistes qui ont compté pour révéler cette tendance de l’art du temps, parmi lesquels Agam, Carlos Cruz-Diez, François Morellet, Bridget Riley. Soto estimait qu’on voulait le faire passer pour un suiveur de Vasarely :
– « Je ne pouvais accepter que ceux qui « patinaient » encore dans l’art optique passent comme des maîtres de quelque chose à quoi ils ne s’étaient jamais résolus« .
En effet, Soto développa le concept d ‘ »immatériel » dans ses oeuvres. Dépassant l’objet physique, réalisé à partir de différents matériaux, cet immatériel transcende l’oeuvre et crée une vision virtuelle tout à fait nouvelle à l’époque.
L’ancien guitariste virtuose qui se produisait à l’Escale à Paris pour gagner de quoi subsister dans la capitale, était devenu un artiste majeur auquel le Centre Pompidou rend hommage alors que symétriquement le Palais de Tokyo présente Julio Le Parc.
Jésus Soto dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain
Photos volume virtuel : éditions IMAGO
Photo pénétrable : de l' »auteur
Jesús-Rafael Soto
Du 27 février 2013 au 20 mai 2013
Centre Pompidou Paris