Depuis quelques années déjà, l’artiste Pierre Tilman, à la recherche du soleil et du calme, a quitté la vie parisienne qu’il connaît bien, s’est éloigné des turbulences de l’art en capitale et trouvé vraisemblablement, dans les rues du Midi, une certaine nonchalance que son œuvre requiert. Car Pierre Tilman n’est pas un artiste forgé pour une compétition féroce, un challenge permanent.

L’homme de Chorus
Celui qui fut dans l’œil du cyclone lorsque, avec la revue Chorus, et son ami Jean-Pierre Leboul’ch, il contribua à promouvoir l’œuvre de Ben, Daniel Biga, Marcel Alocco, Serge Oldenburg, Roland Flexner, Jacques Monory, Gérard Fromanger ou Jean-Pierre Raynaud, a pris du recul et, pour cultiver sa véritable identité d’artiste, a pris le temps et le rythme qui lui convenaient le mieux.
J’ai déjà évoqué Pierre Tilman dans un article précédent. La discrétion, la réserve de l’homme cachent pourtant la vitalité d’un artiste qui aime les mots et les choses. D’ailleurs ses mots sont des choses et ses choses forment des mots.

Les chemins buissonniers
Ecrivain et poète, il sait bien de quoi sont faits ces mots dont il joue si aisément. Pour l’artiste plasticien, le plaisir continue. Avec quelques objets de bricolage, quelques petits soldats en plastique, l’art se prolonge comme un jeu d’enfant. Pierre Tilman prend son temps ou plutôt perd son temps : c’est le moyen qu’il a trouvé sur ses amis artistes pour trouver la distance, prendre le recul et, toujours à la merci d’un chemin de traverses, échapper au rythme effréné de la compétition artistique. Comme quelques autres artistes rares (je pense notamment à Jean-Loup Cornilleau), Tilman s’engage dans les chemins buissonniers à la recherche d’une raison valable pour arriver en retard dans cette course à la gloire. L’artiste met un malin plaisir à déjouer les tentatives de normalisation, à éviter l’enfermement dans un style:
« De style, je n’en ai pas, dit-il . Je n’en veux pas. Le style, c’est une infirmité. Des béquilles de luxe ! Je ne veux pas que l’on me reconnaisse. Les mots n’appartiennent à personne. Je fais comme tout le monde, j’écris le roman anonyme de la fin du XXe siècle. »
N’allons pas jusqu’à croire que Pierre Tilman offrira sa dépouille au monument à l’artiste inconnu. Son monument à lui ne ressemblera pas à une architecture pompeuse. Son oeuvre se dispersera, légère comme une plume, d’une mémoire à l’autre, d’une lecture à la suivante, mais avec une résistance au temps que lui envieront les cénotaphes vaniteux. Vous voyez ce que je veux dire…
Pierre Tilman dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain
Photos: Pierre Tilman
Pierre Tilman « Tu vois ce que je veux dire »
Du 15-12-2012 au 17-03-2013
Villa Tamaris Centre d’Art
Avenue de la Grande Maison
Tamaris
83500 La Seyne
Hommage à Nelson Mandela
votre blog est vraiment
inspirant:)))))
VOYAGE
chu rien qu’un chanteur qui voyage
tu m’verras jamais à t.v.
j’ai 35 ans j’fais pas mon âge
j’fais du flolklore dans mes tournées
j’ai comme des explosions dans tête
que j’ai besoin d’te raconter
d’un coup je meurs d’un hasard bête
dans des pays trop éloignés
—–
Au Japon j’ai connu l’boudhisme
avec des temples de l’ancien temps
pis en Afrique des musulmans
qui ont plusieurs femmes évidemment
moi catholique baptisé
thraumatisé par le péché
y a tellement d’religions sur terre
qu’aujourd’hui j’me sens libéré
——
j’ai vu des noirs bleus comme la mer
qui vendaient des serpents séchés
des noirs charbons en Côte d’Ivoire
qui m’ont donné leur amitié
du fond de la brousse ma peau blanche
a eu honte de ses préjugés
y a tellement de couleurs sur terre
qu’aujourd’hui j’me sens libéré
——
j’ai vu des langues par dizaines
des dialectes par centaines
sayonara good by je t’aime
midowo antimari midowo
moi québécois enraciné
qu’on a monté contre les anglais
y a tellement de languages sur terre
qu’aujourd’hui j’me sens libéré
————–
les religions sont des poètes
comme les langues et les couleurs
j’ai comme des explosions dans tête
qui font qu’aujourd’hui j’ai pu peur
d’être québécois dans l’fond du coeur
et j’ose crier à la jeunesse
maudit déniaise t’as 18 ans
je sais que la planète t’attend
j’sais pas si j’ai bien fait d’parler
mais pour le reste oubliez-moé.
Pierrot
vagabond céleste
LA PALETTE DE CHOCOLAT
Quand je doute de la qualité de mon intensité de lumière, je refais l’expérience de la palette de chocolat. Je te raconte. Un jour que je vagabondais avec un camarade existentiel, je lui racontai mon désarroi. J’avais juste assez d’argent sur moi pour me payer un fantasme, une palette au chocolat caramilk. Et j’avais honte de mon aveuglement créé par la faim. Et j’étais gêné de lui en offrir la moitié parce que lui aussi sans le sou, il aurait probablement le goût de manger autre chose.
Ce compagnon me dit: t’as jamais essayé d’acheter une palette au chocolat caramilk à l’autre, en remerciant la vie si par pure bienveillance, il t’en redonne la moitié?
Dans l’histoire vraie racontée par ma chanson des allumettes, je réalise quelques années plus tard, qu’ il y a eu la pure émotion »caramilk » d’avoir donné une allumette à l’autre en recevant mille fois plus par son feu du matin.
SUFFIT D’UNE ALLUMETTE
ma liberté
une nuit un orage
un jeune pouceux que j’ai connu s’a route
à 25 ans
y a perdu son courage
j’ai 58
c’est pas grave un naufrage
l’un comme l’autre
pas de sac de couchage
rien à manger
une chance ma gourde est pleine
le jeune a mal aux pieds
j’le vois dans son visage
y va pleuvoir
c’est glacé dans ses veines
REFRAIN
que je lui dis
suffit d’une allumette
pour enflammer ta vie
rêve d’une conquête
d’un grand feu sous ta pluie
d’un grand feu sous ta pluie
COUPET 2
ma liberté
une nuit un orage
j’ai dit au jeune
va dormir en d’ssous d’l’arbre
m’a prendre soin d’toé
m’a m’occuper du feu
mets mon manteau
tu vas t’sentir au chaud
une chance qu’on est
en d’ssous d’un sapinage
je casse des branches
chu mouillé d’bord en bord
la run est toffe
pendant que le jeune dort
je pris pour qu’il
retrouve son courage
COUPLET 3
ma liberté
une nuit un orage
au p’tit matin
chu complètement crevé
y mouille encore
mon feu est presque mort
le jeune se lève
y est comme énergisé
y fonce dans l’bois
y casse des gros branchages
y est en pleine forme
son feu m’monte au visage
sèche mon linge
lui son manque de courage
y m’sert la main
et reprend son chemin
REFRAIN FINAL
c’est lui qui m’dit
suffit d’une allumette
pour enflammer ma vie
j’te jure
que j’rêverai de ma conquête
d’un grand feu sous ma pluie
et le vieux
je te remercie
Pierrot
vagabond celeste
pierrot@reveursequitables.com a écrit :
UN ETRE DE LUMIERE
qu’est-ce qu’un être humain? C’est un être de lumière à intentisé variable. Allumer un rêveur, c’est nourrir de son propre feu un rêve à trop faible intensité de lumière. Etre allumé par un rêveur, c’est être aspiré par l’intensité de la lumière de l’autre. Chacune de mes chansons non normative fut une histoire vraie, inspirée par l’une ou l’autre des deux situations décrites dans ce paragraphe.
UN JEUNE HOMME DE BONTÉ
Un jour j’ai demandé
à un jeune africain
réfugié à Sept-îles
comment il voyait demain
ce jeune de 17 ans
m’a dit bien simplement
je rêve de retourner
dans mon pays maltraité
pour être reconnu
nationalement
comme un homme de bonté
REFRAIN
une chance qu’y pleuvait à sciau
sur ma guitare et mon chapeau
parce que mes larmes me lavaient l’corps
entre Sept-Iles et Bécomo
perdu dans l’parc
d’une route de bois
et d’orignaux
COUPLET 2
moi qui ai donné mes biens
qui marche mon pays
adoré des étoiles
et même de la pluie
il a suffi d’une phrase
d’un jeune noir en extase
pour que brille dans la nuit
sa clé du paradis
je me ferai mendiant
nationalement
pour chanter, ce jeune homme de bonté
COUPLET 3
y a très peu d’africains
qui demeurent à Sept-Iles
qui ont les yeux brillants
et bientôt 18 ans
qui marchent dans la rue
qu’on traite en inconnu
qui font l’ménage la nuit
dans une usine perdue
si vous le rencontrez
serrrez-lui la main
en lui chantant mon refrain
Pierrot, vagabond céleste
http://www.reveursequitables.com
http://www.enracontantpierrot.blogspot.com
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» A la question :quelle langue parlez-vous ?
je réponds
je parle de temps en temps le rire
assez souvent le soupir , parfois le cri ,mais le silence ,couremment c’est ma seconde langue »
Je t’ai re- trouvé par hasard ,Pierre ,chez Michel Pacha ,nous étions ensemble en Philo , mais juste les 2 mois que j’y ai passé : puis , je suis partie dans ma vie ,comme toi . Si le coeur t’en dit ,maile-moi ,j’en aurai une joie singulière ,un retour improbable à l’univers des ados mal dégrossis et des petits bonheurs enfuis.
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