L’armée Lettriste qui, en France, entretient le combat pour la reconnaissance de son mouvement artistique comme avant-garde décisive de l’art de son temps n’est pas remarquable par son importance numérique mais bien davantage par l’engagement total de ses soldats. Dans ce régiment, ou plutôt cette compagnie, voire cet escadron, les combattants consacrent entièrement leur énergie au maintien de cette permanence d’un mouvement né après la seconde guerre mondiale avec Isidore Isou.

François Poyet fait partie de ces fantassins sur le front du Lettrisme et depuis quarante cinq ans sacrifie toute autre préoccupation à cette unique défense du mouvement. Dès 1966, avant même d’avoir terminé ses études supérieures de philosophie et de gestion, alors qu’il est encore lycéen, François Poyet aborde la création dans toutes ses dimensions artistiques, cinéma, peinture, roman, photo, sculpture, poésie, danse, théâtre, architecture sous l’angle radical de l’avant-garde, à travers les différents apports proposés par le Lettrisme et son fondateur Isidore Isou. Activiste du mouvement, il se lance dans des spectacles, organise des scandales, des lancers de tracts, collages, bombages, pour de se doter de structures esthétiques originales, comme :

l’hypergraphie tri- dimensionnelle modulaire : des signes découpés dans la masse, indépendants matériellement les uns des autres, en polystyrène expansé, extrudé, en mousse, en rhodoïd, etc. confrontés en des rythmes fixés définitivement sur support ou ouverts à des installations « in situ » ou livrés à l’intervention manipulatrice du public.
Les homophonies, un de ses ressorts de l’art infinitésimal, que l’on ne peut comprendre que lues et que le créateur peut intégrer à l’hypergraphie. Donnons cet exemple au lecteur: « Elle crie au génie, ça jette un froid » (cryogénie.)
Les anamorphographies, écritures étirées utilisées dans l’excoordisme que l’on ne peut appréhender qu’en n’inclinant leur support sont un autre aspect de son travail.
Je ne cite ici que quelques aspects d’une démarche répondant à la vocation totale du Lettrisme sur laquelle François Poyet explique avec passions toutes les implications.
Dans son histoire, le mouvement Lettriste, dont la récente exposition au passage de Retz à Paris a permis de revisiter la diversité de ses expressions, n’a pas non plus manqué de s’affaiblir avec ses propres discordes, ses conflits durables. Il n’est pas certain que cette faiblesse ait totalement disparu aujourd’hui.

Il reste que dans sa vocation ambitieuse, totale, avec cette volonté d’embrasser tous les domaines de la pensée, de l’art, économie, politique, philosophie, le Lettrisme assure aujourd’hui une présence opiniâtre avec ces artistes qui, tel François Poyet, prolongent jour à après jour cette inoxydable volonté d’exister.
François Poyet dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain
Photos François Poyet
Source photo SETI : http://www.festrad.com/fichiers/07saPoF2.html
Merc,, très interessant pour moi, felicitation! Et bon courage pour la continuation de ton travail ambitieux!
Christine
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