Portraits

Erró, la Divine comédie

Gudmundur Gudmundson est connu sous le nom de Erró. Cet Islandais de France, au physique solide, travailleur infatigable, a brossé, depuis un demi-siècle, la fresque sans fin de nos sociétés occidentales, au travers de ses images, ses mythes.

Inventaire

L’artiste dévore des milliers d’images, de documents de tous ordres pour alimenter sa production de peinture. Tout y passe : soldeurs de livres, kiosques à journaux, dictionnaires, catalogues, etc. “…des milliers et des milliers de documents, que je classe dans une multitude de tiroirs, ici les couchers de soleil, là les dictateurs, etc. J’ai une véritable banque d’images qui viennent de partout, aussi bien des pages de magazines que de cartes postales”. Depuis la fin des années cinquante, Erró revisite, à sa manière, l’histoire de la société contemporaine. Serait-il, à lui seul, Bouvard et Pécuchet ?

Erro

Assurément, comme les deux personnages de Flaubert, il explore tous les domaines de son époque pour nous offrir un inventaire à la Prévert : guerriers de science-fiction, hommes politiques, stars de la bande dessinée, chefs-d’oeuvres de la peinture, tableaux ornithologiques, starlettes de cinéma…. Chine de Mao, Fernand Léger, mafia russe, Pinocchio, Wagner, Charlie Chaplin, Reagan, Batman, Hitler, Matisse, guerre d’Irak. Du monde politique à la culture, avec nos mythologies quotidiennes, le peintre fait exploser les apparences et nous laisse un champ de bataille exténué. Après son passage, que reste-t-il de la guerre du Vietnam, de la société industrielle, des Russes, des Américains, de la conquête spatiale ou de la révolution chinoise ?

« God bless Bagdad  » Erro 2002 / 2005

La narration discontinue

Dans un texte intitulé “La Narration discontinue”, Erró explique : “J’ai visité la fabrique de feux d’artifice Ruggieri. J’y ai vu des petites baraques légères comme des plumes, prêtes à s’envoler à la moindre explosion. D’étranges chimistes y mêlaient, dans des tubes, des poudres multicolores, lesquelles allaient devenir, plus tard et très loin, des fusées, soleils et feux de Bengale. Un tableau, c’est un peu cela”.
A la manière d’H.C. Potter dans “Hellzapoppin”, Erró nous livre avec ses accumulations d’images un enchevêtrement de situations improbables et, sur un même tableau, mêle dans un zapping fulgurant, les ingrédients de notre propre histoire, figés par le peintre dans une ultime Divine Comédie.

Erró dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo Wikipédia


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