Pour mémoire

Pierre Fichet, le feu sacré

Lorsque l’on commence la peinture à quatorze ans pour y consacrer sa vie, il faut être animé par une force peu commune. Pierre Fichet (1927-2007) était le peintre de l’énergie, de l’ardeur. Très fortement influencé par la religion, le peintre entame, dès 1964, un travail important d’étude sur le thème du chemin de croix. Dans cette seconde génération de la peinture abstraite qui se révèle dans les années cinquante, l’abstraction lyrique est portée par un certain nombre d’artistes réputés. Le geste, le corps tout entier entrent dans la peinture. Chez Pierre Fichet, la dimension du sacré est sous-jacente. Quand l’artiste parlait de sa peinture, son discours était emprunt d’une ferveur intense, habité par un feu sacré.
«Face à la peinture , clamait il, il peut arriver que nous ayons peur, il peut arriver que nous ayons un désir fou comme face à l’amour, ou que nous soyons consolés comme par une prière. Cette gravité peut sembler excessive aux hédonistes, partisans de la « peinture agréable », mais cette gravité est justement l’épreuve qui mène aux joies supérieures et à l’accomplissement de l’homme

Pierre Fichet en 1995

Alors que l’art , en un demi-siècle, avait connu des changements radicaux, Pierre Fichet conservait pour sa pratique de la peinture un élan , une conviction que rien ne pouvait remettre en question , avec peut-être le sentiment que la tâche restait immense, le travail toujours à accomplir, plus que jamais en devenir. Ce thème du chemin de croix qu’il avait entamé en 1964, il le reprend au soir de sa vie, en 2005, pour finalement lui donner une concrétisation définitive l’année suivante. Il termine ces quatorze stations quelques mois avant sa disparition, titrant chaque toile avec soin.
La vie d’un peintre serait-elle un chemin de croix ? Dans l’exemple de Pierre Fichet, il me semble qu’il s’agit davantage d’une voie lactée.

Pierre Fichet dans l’Encyclopédie audiovisuelle de l’art contemporain

Photo Wikipédia


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